Le Journal de Montreal

Trois cadres blâmés pour Phénix

Le Vérificate­ur général n’est pas allé assez loin pour ceux qui veulent une enquête sur le système de paie

- BORIS PROULX

OTTAWA | L’opposition et le syndicat veulent que s’expliquent trois cadres du fédéral blâmés hier pour avoir caché à leur patron les problèmes de Phénix pour installer le système de paie avant qu’il ne soit prêt.

« Nous demandons une enquête nationale publique sur Phénix, parce qu’on veut s’assurer de connaître les responsabl­es [pour] qu’une situation comme celle-ci ne se reproduise plus jamais », a demandé hier Magali Picard, vice-présidente de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, le principal syndicat des fonctionna­ires fédéraux.

Dans un rapport très attendu publié hier, le Vérificate­ur général (VG) du Canada, Michael Ferguson, a rejeté la responsabi­lité de la « gestion médiocre » sur trois hauts fonctionna­ires chargés d’implanter le nouveau système de paie, à l’hiver 2016.

« [Ces cadres] disposaien­t de plus d’informatio­n et de mises en garde qu’il n’en fallait sur le fait que le système Phénix n’était pas près à être mis en oeuvre », écrit le vérificate­ur général qui écorche au passage tant les gouverneme­nts Trudeau que Harper.

ÉCHEC

Ceux-ci se sont mutuelleme­nt accusés hier d’être responsabl­es du fiasco.

Le député conservate­ur Gérard Deltell a exigé que les responsabl­es soient trouvés et obligés de témoigner devant un comité parlementa­ire.

« Quand est-ce que le gouverneme­nt va déclencher une enquête publique pour qu’on puisse enfin savoir ce qui s’est vraiment passé », a rajouté en Chambre la députée du Nouveau Parti démocratiq­ue Karine Trudel.

Afin de respecter les budgets et les délais serrés, ces trois gestionnai­res ont laissé tomber des fonctions essentiell­es à la bonne marche du système, selon le VG, en plus d’annuler des tests qui auraient pu sonner l’alarme sur la déroute du projet.

Ils auraient ensuite assuré à tort à 14 dirigeants de ministères que « ces problèmes [qu’ils ont soulevé] avaient été réglés ou que des procédures [étaient] en place pour les régler ».

Le ministère des Services publics et de l’Approvisio­nnement du Canada a refusé de confirmer les noms qui circulaien­t à Ottawa hier, dont celui d’une fonctionna­ire mutée à Montréal et l’une aujourd’hui à la retraite. Il n’a pas été possible pour Le Journal de confirmer de manière indépendan­te leur identité.

« Des sanctions ont été prises [envers les cadres responsabl­es de Phénix] qui m’ont satisfaite », a déclaré la ministre Carla Qualtrough, précisant seulement que ces personnes ne sont plus à l’emploi du service de paie.

La mise en place hâtive de Phénix a bousillé la paie de centaines de milliers de fonctionna­ires fédéraux et engendré des coûts qui pourraient atteindre 1 G$ pour les contribuab­les. Il promettait au départ des économies de 70 M$ par an.

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PHOTO CHRISTOPHE­R NARDI Le Vérificate­ur général du Canada, Michael Ferguson, a critiqué sévèrement le gouverneme­nt dans son rapport du printemps déposé hier.
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MAGALI PICARD VP du syndicat

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