Le Journal de Montreal

Mais si, nous parlerons du voile

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Il y a quelques semaines, je parlais dans cette chronique d’Eva Torres, cette militante de Québec solidaire qui porte un voile islamique très ostentatoi­re et qui disait au même moment souhaiter en finir avec la question identitair­e. J’avais souligné le paradoxe d’une telle position et je dois le refaire aujourd’hui. Car entre-temps, elle est devenue candidate pour son parti dans Mont-Royal-Outremont. Et elle a récidivé en souhaitant publiqueme­nt que cesse le débat sur le voile. Comme ça. Le débat l’embête alors elle veut le faire cesser.

QUÉBEC SOLIDAIRE

En gros, la dame veut porter un foulard, mais nous empêcher de le remarquer et de nous interroger sur sa significat­ion politique et culturelle. Elle veut nous imposer cette idée selon laquelle le foulard irait de soi – tellement de soi, en fait, qu’on ne devrait même plus le remarquer. C’est ce qu’on appelle ne pas manquer de culot. On devrait assister béatement à la normalisat­ion de ce symbole et faire semblant de rien.

Depuis plus de deux semaines, la France est traversée par un débat semblable. La leader d’une associatio­n étudiante, Maryam Pougetoux, s’est présentée devant les médias avec un voile plus qu’ostentatoi­re. Dans un pays aussi sensible à la laïcité que la France, cela a causé un grand débat. Elle a répondu que son voile était légal et pour cela, qu’il s’agissait d’un non-sujet. Le problème ne serait pas le voile, mais le regard sur le voile. En gros, ce n’était pas à elle à se remettre en question, mais à la société française à redéfinir ses attentes en matière de laïcité. Apparemmen­t, la France devrait s’intégrer à ceux qui la rejoignent.

Puisqu’il faut le redire, redisons-le. Le voile est un instrument de combat symbolique. Il sert à marquer la présence de l’islam politique dans l’espace public. Qu’importe si certaines le portent volontaire­ment, comme c’est assurément le cas. Pour nos sociétés, il représente une logique d’apartheid appliquée aux femmes dans l’espace public, comme s’il fallait les marquer et les enfermer dans leur communauté religieuse, dont elles deviennent l’étendard. Partout où le voile s’étend, il représente une effrayante régression du droit des femmes.

Sa présence dans les garderies, de ce point de vue, est un scandale. Il grave dans l’esprit des enfants qui le voient que la ségrégatio­n entre les hommes et les femmes est légitime et désirable, et qu’une femme, pour être digne, doit se couvrir, comme elle portait en elle la tentation du péché.

APARTHEID

Il représente aussi la marque la plus visible d’un certain islam aussi conquérant que rigoriste qui arrive dans le monde occidental et veut le soumettre peu à peu à sa vision de la société. Il instrument­alise les droits de la personne pour imposer des revendicat­ions collective­s contre lesquelles on ne pourrait faire aucun barrage.

Mais nous ne nous soumettron­s pas. Et nous continuero­ns de parler du voile, pour montrer en quoi il entre en contradict­ion avec notre civilisati­on.

Il faut dire que ce n’est en rien exclusif au Québec.

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Maryam Pougetoux, leader d’une associatio­n étudiante
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