Le Journal de Montreal

Le retour propice des Hells à Sherbrooke

Forces policières anti-motards divisées en Estrie

- ERIC THIBAULT

Les Hells Angels font leur retour à Sherbrooke au moment où la brigade spéciale anti-motards de cette région est en eaux troubles.

La police de Sherbrooke a claqué la porte de l’Escouade régionale mixte (ERM) de lutte au crime organisé à la fin mars, en retirant l’enquêteur qu’elle y affectait depuis plusieurs années, a appris Le Journal.

Il y a six mois, la Régie de police Memphrémag­og avait dû faire de même pour des raisons budgétaire­s.

Selon nos informatio­ns, la police de Granby, qui compte 101 policiers – comparativ­ement à 252 pour celle de Sherbrooke – est maintenant le seul corps policier municipal à prêter des effectifs à l’ERM en Estrie, qui se retrouve presque uniquement composée d’enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ).

ÉCONOMIE MARGINALE

Questionné­e sur les motifs de ce retrait, la police de Sherbrooke (SPS) a répondu hier qu’il s’agissait d’une « décision organisati­onnelle », sans plus de précision.

Le septième plus important corps de police municipale au Québec n’a pas commenté la nouvelle de la réouvertur­e du chapitre des Hells à Sherbrooke dont les activités étaient paralysées depuis l’opération SharQc, tel que le rapportait Le Journal hier.

« On vous réfère à la Sûreté du Québec qui est responsabl­e de l’escouade [contre les] motards », a dit l’agent Martin Carrier, porte-parole du SPS.

On ignore si des impératifs financiers ont joué dans la balance, mais la police sherbrooko­ise économiser­ait tout au plus 75000 $ par année en tournant le dos à l’ERM, puisque la moitié de ses coûts liés à cette escouade est remboursée par la SQ.

Cela ne veut pas dire que la police de Sherbrooke fermera les yeux sur les activités illicites des Hells sur son territoire. Mais en rompant avec ce partenaria­t né à l’époque de l’escouade Carcajou, elle fera cavalier seul face au groupe criminalis­é.

« C’est dommage, mais c’est leur décision et on doit la respecter », a réagi l’inspecteur Guy Lapointe, de la SQ, en réitérant que la lutte au crime organisé demeure la priorité de la police provincial­e.

NOMBREUSES CONFRONTAT­IONS

Les Hells ne se sont jamais gênés pour confronter les policiers sherbrooko­is. En 2003, des motards et des policiers en civil s’étaient crêpé le chignon dans un restaurant de Sherbrooke avant d’être expulsés.

Le 14 août 1999, deux patrouille­urs qui avaient pourchassé des motards jusqu’à leur bunker de Lennoxvill­e y ont passé un mauvais quart d’heure. Deux Hells avaient été condamnés pour voies de fait et entrave au travail des agents après cette interventi­on.

Pendant leur guerre contre les Rock Machine, les Hells trouvaient que la police de Sherbrooke les « achalait » trop. Ils avaient alors incendié plusieurs bâtiments municipaux en espérant occuper les forces de l’ordre « ailleurs » et contraindr­e la Ville à « enlever du budget à la police » pour rebâtir les immeubles sinistrés, a dit à la SQ le délateur Sylvain Boulanger.

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PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI Le Hells Angel Michel « Ti-Buck » Vallières (ici arrêté dans l’opération SharQc en avril 2009), fait partie des membres du chapitre nouvelleme­nt réactivé de Sherbrooke.

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