Le retour propice des Hells à Sherbrooke
Forces policières anti-motards divisées en Estrie
Les Hells Angels font leur retour à Sherbrooke au moment où la brigade spéciale anti-motards de cette région est en eaux troubles.
La police de Sherbrooke a claqué la porte de l’Escouade régionale mixte (ERM) de lutte au crime organisé à la fin mars, en retirant l’enquêteur qu’elle y affectait depuis plusieurs années, a appris Le Journal.
Il y a six mois, la Régie de police Memphrémagog avait dû faire de même pour des raisons budgétaires.
Selon nos informations, la police de Granby, qui compte 101 policiers – comparativement à 252 pour celle de Sherbrooke – est maintenant le seul corps policier municipal à prêter des effectifs à l’ERM en Estrie, qui se retrouve presque uniquement composée d’enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ).
ÉCONOMIE MARGINALE
Questionnée sur les motifs de ce retrait, la police de Sherbrooke (SPS) a répondu hier qu’il s’agissait d’une « décision organisationnelle », sans plus de précision.
Le septième plus important corps de police municipale au Québec n’a pas commenté la nouvelle de la réouverture du chapitre des Hells à Sherbrooke dont les activités étaient paralysées depuis l’opération SharQc, tel que le rapportait Le Journal hier.
« On vous réfère à la Sûreté du Québec qui est responsable de l’escouade [contre les] motards », a dit l’agent Martin Carrier, porte-parole du SPS.
On ignore si des impératifs financiers ont joué dans la balance, mais la police sherbrookoise économiserait tout au plus 75000 $ par année en tournant le dos à l’ERM, puisque la moitié de ses coûts liés à cette escouade est remboursée par la SQ.
Cela ne veut pas dire que la police de Sherbrooke fermera les yeux sur les activités illicites des Hells sur son territoire. Mais en rompant avec ce partenariat né à l’époque de l’escouade Carcajou, elle fera cavalier seul face au groupe criminalisé.
« C’est dommage, mais c’est leur décision et on doit la respecter », a réagi l’inspecteur Guy Lapointe, de la SQ, en réitérant que la lutte au crime organisé demeure la priorité de la police provinciale.
NOMBREUSES CONFRONTATIONS
Les Hells ne se sont jamais gênés pour confronter les policiers sherbrookois. En 2003, des motards et des policiers en civil s’étaient crêpé le chignon dans un restaurant de Sherbrooke avant d’être expulsés.
Le 14 août 1999, deux patrouilleurs qui avaient pourchassé des motards jusqu’à leur bunker de Lennoxville y ont passé un mauvais quart d’heure. Deux Hells avaient été condamnés pour voies de fait et entrave au travail des agents après cette intervention.
Pendant leur guerre contre les Rock Machine, les Hells trouvaient que la police de Sherbrooke les « achalait » trop. Ils avaient alors incendié plusieurs bâtiments municipaux en espérant occuper les forces de l’ordre « ailleurs » et contraindre la Ville à « enlever du budget à la police » pour rebâtir les immeubles sinistrés, a dit à la SQ le délateur Sylvain Boulanger.