La Presse ne convainc pas le PQ
Martine Ouellet pourrait aussi bloquer la transformation en OBNL
QUÉBEC | Les dirigeants de La Presse n’ont pas réussi à convaincre le Parti québécois et Martine Ouellet d’adopter rapidement le projet de loi qui permettra au quotidien de devenir un OBNL, au terme d’une rencontre avec l’ensemble des partis à l’Assemblée nationale hier.
Pourtant, si le projet de loi privé n’est pas adopté d’ici la fin de la session parlementaire, le 15 juin prochain, le processus devra être reporté à l’automne prochain, voire à l’hiver 2019, a souligné l’éditeur de La Presse, Guy Crevier.
« Une année dans le monde d’un média, aujourd’hui c’est une éternité. Il y a deux grands géants américains qui sont en train de détruire complètement le modèle québécois et le modèle canadien », dit-il au sujet de Google et Facebook.
En raison d’un projet de loi adopté en 1967, La Presse doit obtenir l’aval des parlementaires pour devenir organisme à but non lucratif, comme annoncé début mai.
Toutefois, puisque la date pour déposer un projet de loi publique est dépassée, le quotidien doit compter sur un projet de loi privé, qui requiert l’unanimité des élus.
DÉPUTÉS DÉÇUS
Parmi ceux-ci, la députée indépendante Martine Ouellet pourrait bloquer le processus.
Selon les informations de notre Bureau parlementaire, Guy Crevier a dû répondre à de nombreuses questions de la députée indépendantiste lors de la rencontre à huis clos.
« Disons qu’elle a été ferme et que les deux sont restés sur leurs positions », résume une source.
Martine Ouellet demande notamment à voir les états financiers de l’entreprise, une demande rejetée par l’éditeur du quotidien.
« L’essence même de l’adoption de cette loi-là n’a rien à voir avec les livres de La Presse », estime Guy Crevier. Ce dernier a toutefois confirmé que le patron de Power Corporation, Paul Desmarais Jr, est disposé à témoigner en commission parlementaire.
SUBVENTIONS
À la sortie de la rencontre, Martine Ouellet a déploré l’absence de réponses des dirigeants de La Presse.
« Pour l’instant, on n’a eu aucune information, malheureusement, supplémentaire aujourd’hui », dit-elle.
Jean-François Lisée s’est aussi dit déçu de la rencontre. Le PQ demande notamment que la famille Desmarais se retire de la gestion du quotidien.
« Nous n’avons rien entendu de ça, ce matin, rien », dit le chef péquiste.
De plus, il fait valoir que le futur OBNL bénéficiera de subventions gouvernementales.
« On n’est pas contre, en principe, mais ne venez pas nous dire qu’on n’a pas notre mot à dire dans cette décision », souligne Jean-François Lisée.
Malgré ces réticences, le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, prévoit déposer le projet de loi rapidement afin de permettre une journée d’audience parlementaire avec la fin de la session.
« On verra pour la suite », dit-il.