La recette caquiste
En fin de semaine, la Coalition avenir Québec tenait son Congrès national. Rayonnantes, les troupes et leur chef François Legault se pinçaient de bonheur. Le doux parfum du pouvoir aidant, certains rêvaient même déjà d’une limousine de ministre.
Depuis le congrès, on parle surtout du « recentrage » de la CAQ, un parti dit de centre-droite. M. Legault ne « recentre » pourtant pas son parti. Je dirais plutôt qu’il emprunte discrètement la recette victorieuse de Justin Trudeau aux élections fédérales de 2015. On disait alors que M. Trudeau avait gagné parce qu’il avait doublé le NPD et Thomas Mulcair sur leur gauche.
TOUS LES TABLEAUX
Or, sa vraie recette était nettement plus étoffée. Dans les faits, Justin Trudeau visait dans toutes les directions. Au centre, la « classe moyenne » était son mantra. À gauche, il promettait un déficit et un nouveau mode de scrutin. À droite, il annonçait des baisses d’impôts et faisait les yeux doux à l’industrie pétrolière. Bref, il jouait sur tous les tableaux à la fois. Résultat : M. Mulcair menant une mauvaise campagne, M. Trudeau a fini par ratisser large dans le vote massif anti-Harper. Y compris même au NPD.
RATISSER LARGE
Cette recette – jouer sur plusieurs tableaux – est maintenant celle de la CAQ. Objectif : ratisser large dans le vote anti-Couillard. À gauche, M. Legault mise sur l’éducation, des mesures plus sociales, la réforme du mode de scrutin et la révision de la rémunération des médecins.
À droite, il veut élargir le rôle du privé. Au centre, il parle de familles et d’aînés tout en promettant plus d’argent dans le « portefeuille » de la classe moyenne. Poussant la recette Trudeau encore plus loin, il recrute même directement chez ses adversaires libéraux et péquistes.
Ce faisant, M. Legault tente aussi de projeter l’image d’une vraie « coalition » élargie. Comme son parti en porte déjà le nom, ça lui facilite d’autant la tâche…