Les calculs caquistes
La décision de la CAQ de tirer un trait sur la Ligne rose si elle accède au pouvoir ressemble à un calcul d’intérêts politiques. On peut y déceler une volonté de favoriser les banlieues au détriment de Montréal et de redorer son blason à Québec en tenant tête à Valérie Plante. L’organisation jure que non, mais…
Un caquiste de la première heure l’a reconnu implicitement. L’appui du parti au tramway de Régis Labeaume, les reculs sur les engagements d’exiger plus de transparence des syndicats et de créer un ordre professionnel des enseignants sont autant d’éléments qui ont irrité la clientèle traditionnelle du parti dans la grande région de Québec.
L’opposition au projet chéri de la souriante mairesse sera perçue comme une pause dans les concessions du parti pour attirer d’autres électeurs et éventuellement séduire la métropole. « À un moment donné, c’est donnant-donnant », a-t-il illustré.
Selon lui, le parti ne doit pas oublier que la clé de son succès passe par une philosophie « Québec d’abord ». « Il faudra que l’on obtienne un premier mandat pour que les Montréalais commencent à nous envisager », analyse-til.
D’ailleurs, l’ex-chef de l’ADQ, Mario Dumont, utilisait auprès de ses troupes l’image de la goutte d’encre qui devait tomber sur Québec pour ensuite s’étendre dans le reste de la province.
PAS DE CLIENTÉLISME
Dans l’entourage du chef Legault, on insiste toutefois : c’est l’estimation jugée irréaliste des coûts de la Ligne rose (5,9 milliards $ pour une ligne de métro de 29 km) qui a guidé la décision, et rien d’autre. « Nous allons aussi ajouter du transport en commun même sur l’île », précise notre source, selon qui la CAQ, largement en tête dans les intentions de vote de la capitale nationale, n’a pas besoin de jouer la carte « Québec contre Montréal ».
« On ne sera jamais capable de satisfaire complètement les radios parlées de Québec et on ne fait pas nos choix au national en fonction de ça » continue le stratège.
Des membres rencontrés au congrès sont toutefois conscients que, malgré la domination dans les sondages, l’appui des électeurs de Québec ne peut être tenu pour acquis. « Ils n’ont rien à cirer des partis, mais ils votent sur des thèmes », a-t-on fait remarquer.
ABONDANCE DE CANDIDATS
Selon nos informations, le congrès tenu le week-end dernier à Lévis a été l’occasion pour le parti de sceller une nouvelle candidature féminine qui s’ajoutera dans la région de Québec.
Puis, rencontrée sur place, l’ex-candidate péquiste et spécialiste en francisation Tania Longpré n’a pas caché qu’elle avait manifesté son intérêt pour une circonscription près de Montréal. Elle attend un coup de fil de l’organisation. Dans les couronnes nord et sud, le parti devra faire des choix parmi plusieurs intéressés.
La confirmation de la candidature de l’avocat Jean Boulet, frère de la ministre Julie Boulet, dans Trois-Rivières a aussi fait sonner le téléphone de la CAQ en Mauricie.
« Nous avons reçu trois propositions intéressantes dans les jours suivants », a relaté un caquiste agréablement étonné.
Si le parti de François Legault a le luxe de gérer une abondance de candidats, reste à voir s’il saura gérer la cohésion de ce groupe bigarré en campagne.
De Youri Chassin à Marguerite Blais, il faudra beaucoup de compromis !