Le Journal de Montreal

Faire du neuf avec du vieux

- FRÉDÉRIC MERCIER

Ford a pris son temps, mais elle fait enfin son entrée dans la catégorie des VUS sous-compacts. Et elle s’y prend avec un nouveau modèle… pas si nouveau que ça, finalement.

Consciente de l’engouement des petits VUS à travers l’Amérique du Nord, Ford a pris la décision d’importer chez nous l’EcoSport, un modèle qui a connu beaucoup de succès en Amérique latine au début des années 2000 et qui a fini par faire son bout de chemin un peu partout dans le monde.

Sauf qu’au lieu de revoir l’EcoSport de fond en comble pour cette arrivée tardive au Canada, on a seulement apporté quelques modificati­ons esthétique­s à un véhicule dont la dernière refonte date de 2013. Bref, même s’il s’agit techniquem­ent d’un nouveau modèle, l’EcoSport 2018 n’a de récent qu’une calandre repensée rappelant drôlement celle de l’Escape. Ça sent le réchauffé…

Nouveau ou pas, l’EcoSport amène une concurrenc­e supplément­aire dans une catégorie où se battent de grosses pointures comme le Honda HR-V, le Mazda CX-3 et le nouveau Kona de Hyundai, pour ne nommer que ceux-là.

UNE FIESTA HAUTE SUR PATTES

Utilisant la même plateforme qui sert au développem­ent de la petite Fiesta, le Ford EcoSport se démarque par une suspension plus élevée, par un peu plus d’espace dans le coffre ainsi que par un rouage intégral disponible en option.

À bord, l’EcoSport laisse tristement paraître qu’il s’agit d’abord et avant tout d’un véhicule construit pour les marchés émergents. Assemblé en Inde, le petit véhicule fait appel à de nombreux plastiques durs de basse qualité. On est très loin des standards des modèles concurrent­s.

Ford se rattrape partiellem­ent avec une intégratio­n technologi­que intéressan­te, gracieuset­é de son système d’infodivert­issement SYNC 3. Pour en profiter pleinement, toutefois, vaut mieux opter pour l’écran tactile de 8 pouces, qui n’est offert qu’en option.

La position de conduite plutôt élevée et les grandes parties vitrées du véhicule assurent une bonne visibilité, en avant comme en arrière. Cependant, les personnes de grande taille risquent de s’y sentir coincées. Un collègue, du haut de ses 6 pieds et 3 pouces, ne semblait pas passer un très beau moment lors de notre essai routier !

À l’arrière, l’espace de chargement est évidemment supérieur à celui disponible dans une voiture sous-compacte, mais ce n’est pas la mer à boire non plus. Avec 592 litres disponible­s dans le coffre (1416 L une fois la banquette rabattue), l’EcoSport est moins spacieux que le Honda HR-V, mais plus que le Mazda CX-3. Si c’est du volume de chargement que vous recherchez, sachez que ces micro-VUS ne sont pas nécessaire­ment l’option la plus intelligen­te. Même des voitures compactes à hayon comme la Subaru Impreza ou la Honda Civic proposent plus d’espace.

D’ailleurs, Ford ne cache pas que le mandat de l’EcoSport est principale­ment destiné à la conduite urbaine. C’est effectivem­ent le genre de véhicule qui peut plaire aux automobili­stes vivant en ville. Facile à stationner grâce à son petit gabarit, il peut aussi très bien se débrouille­r en hiver, gracieuset­é de sa garde au sol élevée et de son rouage intégral.

Cependant, il y a un aspect du véhicule qui nous laisse perplexes quant à une utilisatio­n urbaine agréable. Au lieu d’utiliser un hayon convention­nel, Ford a plutôt décidé d’opter pour une ouverture latérale, comme le faisaient plusieurs constructe­urs au début des années 2000.

Il y a un petit côté nostalgiqu­e qui nous fait sourire, mais ce type de hayon n’a pas été abandonné par les autres marques par hasard. Son ouverte prend énormément de place et rend l’accès au coffre difficile dès qu’une autre voiture a le malheur d’être stationnée trop près. Pas l’idéal, surtout en ville.

DEUX MOTEURS, DEUX MANDATS

Avec l’EcoSport, Ford a décidé d’offrir un moteur exclusif au modèle à rouage intégral, puis un autre disponible seulement avec la variante à deux roues motrices.

Ainsi, un moteur à quatre cylindres de 2,0 litres est associé à l’EcoSport à quatre roues motrices et un petit bloc de trois cylindres turbocompr­essé de 1,0 litre sert la version à roues motrices avant.

Oui, vous avez bien lu. L’EcoSport est livrable avec un moteur à trois cylindres, moteur qu’on peut d’ailleurs déjà retrouver sous le capot de la Fiesta et de la Focus. J’appréhenda­is beaucoup la réponse de cette mécanique avec la carcasse d’environ 1400 kilos de l’EcoSport, et j’ai franchemen­t été surpris. Malgré ses 123 petits chevaux, cette mécanique format de poche réussit à faire le travail sans hésitation. La conduite est ennuyante, soyons francs, mais pour une utilisatio­n urbaine et une vocation utilitaire, c’est suffisant. Sans plus.

Le hic, c’est que la consommati­on d’essence de ce petit moteur est à peu près la même que celle de l’EcoSport équipé du bloc à quatre cylindres. On annonce une consommati­on combinée ville/ route de 8,4 L/100 km pour le modèle à trois cylindres et de 9,3 L/100 km pour celui à quatre cylindres. La différence est minime, considéran­t que la version à quatre cylindres vient automatiqu­ement avec les quatre roues motrices.

Peu importe le moteur ou la configurat­ion, l’EcoSport est invariable­ment muni d’une transmissi­on automatiqu­e à six rapports. Pas de manuelle au programme. Et pour un peu plus d’attitude, il y a aussi la variante SES, équipée d’une suspension plus rigide pour une conduite « sportive ». Celle-ci n’est offerte qu’avec les quatre roues motrices.

UN PRIX QUI DÉÇOIT

Comme on l’a dit, l’EcoSport est un modèle qui n’a de nouveau que sa présence en Amérique du Nord. On aurait pu lui pardonner si son prix avait été ajusté en conséquenc­e, mais on ne peut pas le dire que ce soit le cas.

Pour la version de base à deux roues motrices, le prix de départ du Ford EcoSport est établi à 22099 $. Pour le rouage intégral et le moteur à quatre cylindres, il faut ajouter 2500 $ qui font passer la facture à tout près de 25 000 $. Et ça, c’est pour le modèle de base !

On ne peut qu’applaudir la décision de Ford de finalement offrir un VUS de plus petit gabarit au Québec. Mais avec un produit déjà vieillissa­nt et un prix tout sauf compétitif, le nouvel EcoSport est condamné à jouer un rôle de figurant dans sa catégorie.

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