Baptême réussi pour « Shapo »
PARIS | Denis Shapovalov a beau répéter qu’il s’amuse, qu’il joue sans pression parce qu’il n’a que 19 ans, mais vous n’êtes pas obligés de le croire sur parole.
De la pression, il en a ressenti hier à ses débuts dans le tableau principal du prestigieux tournoi de Roland-Garros, lorsqu’il a affronté le vétéran Australien John Millman.
Les organisateurs avaient jugé bon de présenter ce match sur l’un des plus beaux courts, soit le Suzanne-Lenglen, puisque Shapovalov est la 24e tête de série du tournoi. Et Martin Laurendeau n’a pas caché que son protégé partait favori pour l’emporter.
Les amateurs ayant pris place dans les gradins étaient manifestement venus encourager le jeune Canadien. On a même entendu quelques : « Allez, vas-y Denis ! »
PAS DE PANIQUE
Shapovalov a démarré le match du mauvais pied, tirant de l’arrière 5-2 dans la première manche. Il était visiblement dérangé par la pluie qui tombait. C’est cependant la beauté de la terre battue. On peut continuer de jouer même s’il pleut légèrement.
Comme il l’a souvent démontré depuis un an, Shapovalov a bien réagi, remontant la pente pour arracher les honneurs de cette première manche, en route vers une victoire convaincante en trois manches de 7-5, 6-4 et 6-2 survenue au bout de deux heures et trois minutes d’action. Le match a été interrompu pendant une heure à cause de la pluie.
La glace est donc brisée sur la terre rouge parisienne pour « Shapo ».
« Le match s’est déroulé dans des conditions difficiles, a reconnu le vainqueur en conférence de presse. Les balles étaient lourdes en raison de la pluie, le terrain était lent et j’ai été surpris qu’on n’arrête pas le jeu plus tôt. Le changement de balles m’a avantagé.
« Même si je tirais de l’arrière 5-2, je n’ai pas paniqué, a raconté Shapovalov. Ce sont des duels trois de cinq à Paris et je m’étais préparé en vue d’un long match. Je suis resté calme parce que je jouais bien. Dans mon for intérieur, je me disais que j’étais le meilleur joueur sur le terrain, même si je tirais de l’arrière, et que j’allais être capable de briser le service de mon adversaire. »
IL AIME MAINTENANT LA TERRE BATTUE
C’est ce qui s’est produit et Shapovalov a poursuivi son élan sur la terre battue.
« Je joue présentement le meilleur tennis de ma carrière sur cette surface. Ce fut un honneur de disputer ce premier match sur le court Suzanne-Lenglen. J’ai bien ressenti l’appui du public », a dit celui qui est capable de dire quelques mots en français. Des mots qu’il a appris quand il suivait des cours à l’école secondaire en Ontario.
« J’ai dû travailler fort pour améliorer mon jeu sur la terre battue et j’aime de plus en plus cette surface. Ça pourrait même devenir ma préférée puisqu’elle convient bien à mon style.
« J’avais une relation amour-haine avec la terre battue par le passé, n’ayant remporté aucun match sur cette surface en 2017. Je me suis beaucoup amélioré cette année et je bâtis pour l’avenir dans le but de réaliser mon rêve de remporter un jour le tournoi de Roland-Garros. »
DES ASPECTS À AMÉLIORER
Shapovalov garde les pieds sur terre, malgré ses succès.
« Je n’ai que 19 ans et je sais fort bien que j’en ai encore beaucoup à apprendre, a-t-il dit. J’ai tout l’avenir devant moi et il suffit de penser à Rafael Nadal et Roger Federer, qui continuent de s’améliorer dans la trentaine. »
« Je peux certes améliorer la qualité de mes retours, de mon jeu au filet ainsi que mon pourcentage de succès sur mes premières balles de service. Je dois aussi améliorer ma façon de gérer les choses lorsque le momentum change de côté, soit en me montrant plus fort mentalement. »
Shapovalov aime bien dire qu’il ne ressent pas de pression.
« J’ai atteint le top 25 mondial à 19 ans et c’est agréable parce que je sais que je peux encore progresser », a résumé celui qui a totalisé 32 coups gagnants comparativement à neuf pour Millman, qui a vu son service être brisé six fois.
Shapovalov affrontera au second tour demain l’Allemand Maximilian Marterer, 70e joueur mondial, et s’il l’emporte, il n’aura pas à jouer contre Jack Sock, la 14e tête de série, au troisième tour puisque l’Américain a été éliminé par Jürgen Zopp.
« J’AI ATTEINT LE TOP 25 MONDIAL À 19 ANS ET C’EST AGRÉABLE PARCE QUE JE SAIS QUE JE PEUX ENCORE PROGRESSER »