Le Journal de Montreal

Les Canadiens se plaignent du manque d’accès à l’informatio­n

La commissair­e somme le fédéral d’investir davantage pour réduire les délais

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Le nombre de plaintes déposées par les Canadiens se disant brimés dans leurs droits d’accès à l’informatio­n par le fédéral a bondi de 25 % en un an. Une situation causée par un manque urgent de ressources, avertit la commissair­e à l’informatio­n.

« C’est partout pareil chez nous et dans les ministères : il y a une augmentati­on du volume de travail, mais aucune nouvelle ressource […] Il faut agir, lance en entrevue la nouvelle commissair­e à l’informatio­n, Caroline Maynard. L’accès à l’informatio­n est un droit primordial des citoyens. »

Selon son rapport annuel déposé hier, le Commissari­at à l’informatio­n a reçu pas moins de 2597 nouvelles plaintes en 2017-2018, de loin le plus grand nombre depuis cinq ans. Il s’agit d’une augmentati­on de 25 % comparativ­ement à l’année précédente.

PLUS DE RESSOURCES

Ayant aussi hérité d’un arriéré de 2865 plaintes toujours incomplète­s, le nombre total que devra traiter l’équipe de la commissair­e était de 3489 plaintes en date du 31 mars dernier.

Mais son équipe étant débordée, le temps de traitement de chaque plainte est passé d’environ 4,5 mois à 11 mois en un an.

Or, Mme Maynard ne prévoit pas d’améliorati­on à l’horizon si Ottawa ne lui fournit pas davantage de financemen­t récurrent. D’après elle, augmenter son budget annuel (12 millions $) de 2 millions $ suffirait au moins à « garder le bateau à flot ».

« Selon les chiffres, on s’attend à compléter 2100 dossiers cette année. Donc, non, c’est impossible de diminuer les arrérages avec le montant de ressources que j’ai. C’est une discussion que j’ai en ce moment avec le Conseil du Trésor au sujet de mon budget, qui n’a pas été augmenté depuis six ans », soupire la commissair­e.

PIÈTRE FIGURE POUR LA GRC

Évidemment, le problème ne se résume pas seulement à son manque de ressources, dit-elle, en implorant chaque ministère d’investir davantage dans leurs unités d’accès à l’informatio­n.

Ce n’est pas la première fois que des problèmes d’accès à l’informatio­n au fédéral font les manchettes. Le Journal vous présentait récemment un dossier à ce sujet intitulé « Ils vous cachent des choses ».

Pour une troisième année de suite, c’est la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC) qui trône au palmarès des institutio­ns canadienne­s ayant fait l’objet du plus grand nombre de plaintes l’an dernier, avec 435.

C’est près de deux fois plus qu’Immigratio­n, Réfugiés et Citoyennet­é Canada et l’Agence du revenu, respective­ment deuxième et troisième (voir le tableau).

« La GRC, c’est malheureux, mais ils sont débordés de demandes d’accès. Il y a plusieurs stratégies qui sont présenteme­nt explorées, parce qu’il y a quelque chose comme 8000 demandes d’accès ouvertes en ce moment […] Ils sont en train de rebâtir leur service à l’interne, mais il y a plusieurs problèmes qu’ils doivent régler en ce moment », soupire Mme Maynard.

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PHOTO CHRISTOPHE­R NARDI La commissair­e Caroline Maynard dit que les arrérages dans le traitement des demandes d’accès à l’informatio­n vont continuer à gonfler sans investisse­ments.

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