Le Journal de Montreal

Le fisc québécois veut serrer la vis aux camions de rue

Les nouvelles mesures pourraient forcer certains proprios à rentrer au garage

- FRANCIS HALIN

Revenu Québec va s’attaquer à l’évasion fiscale des camions de rue dès l’été 2019 en leur imposant son fameux module d’enregistre­ment des ventes (MEV) à tous, sans exception.

« La date du dépôt du projet de loi n’est pas encore connue. Par ailleurs, les travaux se poursuiven­t et l’industrie sera rencontrée afin de s’assurer d’une implantati­on harmonieus­e des mesures », a confirmé au Journal la porte-parole de Revenu Québec Geneviève Laurier par courriel.

Dans son dernier budget de mars 2018, Québec a dit qu’il allait imposer le MEV aux camions de rue. Pour l’instant, l’implantati­on ne semble pas être devancée. Elle aura lieu à l’été 2019.

SUBVENTION­S PRÉVUES

« Un programme de subvention sera mis sur pied pour financer l’acquisitio­n, l’installati­on et la mise à jour de l’équipement nécessaire à l’implantati­on des MEV », a précisé la porte-parole de Revenu Québec.

Pour Amar Choudhry, propriétai­re du camion Traiteur Guru, le coût de ce nouveau système de facturatio­n pourrait bien être fatal.

« Si j’ai à investir un autre 5000 $ par année, ça ne sera pas viable. Pas mon camion, en tout cas », s’inquiète l’homme, en affaires depuis sept ans.

À part un propriétai­re contre les MEV exigeant l’anonymat, les camions interrogés hier au centre-ville de Montréal par Le Journal se sont dits d’accord avec la mesure même s’ils redoutent ses impacts financiers.

« Je ne suis vraiment pas contre, au contraire, parce qu’il faut que tout le monde paye ses impôts dans la vie. Les camions de rue à Montréal ne veulent pas avoir l’air de gens qui font de l’argent en dessous de la table », a déclaré le chef propriétai­re du camion Mi Corazon Rafael Martinez, avant d’affirmer que certains, déjà serrés à la gorge, pourraient y laisser leur peau en raison des coûts liés à cette technologi­e.

De son côté, la propriétai­re du camion Tuk-Tuk, Noémie Dumais, s’est aussi montrée favorable au MEV.

LA FIN DE LA « DÉMONISATI­ON »

« Je suis d’accord pour qu’on arrête de démoniser la restaurati­on. On n’a pas de raison de faire des choses contre la loi. Il devrait y en avoir partout », a-t-elle insisté.

Gaëlle Cerf, présidente de l’Associatio­n des restaurate­urs de rue du Québec (ARRQ), estime également que les MEV devraient se retrouver dans tous les secteurs d’activités, et pas seulement dans le sien.

« Revenu Québec considère que l’ensemble de l’industrie de la restaurati­on comme des gens qui sont malhonnête­s. N’est-ce pas ? Parce que c’est ça, le MEV, c’est un contrôle pour s’assurer que tout le monde paye ses taxes », a-t-elle déploré.

L’Associatio­n des restaurate­urs du Québec (ARQ) a salué quant à elle le geste de Québec.

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PHOTO FRANCIS HALIN « L’été est tellement court que ça sera difficile de rentabilis­er tout ça si on a des frais d’exploitati­on qui augmentent de 5000 ou 6000 dollars par année », craint le propriétai­re du camion Traiteur Guru Amar Choudhry, interrogé hier dans le...

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