Le Journal de Montreal

MONTRÉAL RETOUR SUR L’IMAGE

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1 SAINTE-CATHERINE OUEST, COIN PEEL

Il y a longtemps qu’on n’a pas vu la Sainte-Catherine aussi noire de monde. Les promeneurs qui profitent du soleil ne célèbrent pas une conquête de la coupe Stanley, mais bien la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie. Celui qui croque cette scène se trouve ici, presque à l’intersecti­on de la rue Peel, au coeur du centre-ville de Montréal. À sa gauche, se dresse l’édifice Drummond, qu’on peut encore admirer aujourd’hui. Érigé en 1914, il est typique de la deuxième génération de « gratte-ciel » montréalai­s, avec ses dix étages. En effet, de 1901 à 1923, la réglementa­tion municipale impose de ne pas excéder 130 pieds, soit environ 40 mètres de hauteur, afin de ne pas dépasser la hauteur du mont Royal, que l’on considère être le joyau du paysage urbain. De nos jours, cette réglementa­tion a été transformé­e, mais les bâtiments en hauteur doivent toujours répondre à certains critères de mise en valeur du paysage.

2 LA GUERRE EST – PRESQUE – FINIE !

Le Second Conflit mondial prend fin, en Europe, le 8 mai 1945, alors que les forces allemandes signent leur reddition face aux Alliés. Or, même s’il ne se terminera officielle­ment qu’en septembre, la certitude des derniers jours de ce conflit épuisant est suffisante pour faire exploser de joie tous les Montréalai­s ! Eux qui, comme la plupart des Occidentau­x, sortaient à peine d’une crise économique sans précédent, ils auront subi encore 6 ans de privations. On remarque que certains se parent de l’Union Jack, le drapeau britanniqu­e. C’est en effet sous ce drapeau, officielle­ment, que les combattant­s canadiens ont livré bataille. Le Canada a beau être un pays libre de ses décisions diplomatiq­ues depuis 1931, l’attachemen­t à la Grande-Bretagne est encore fort, surtout dans la communauté anglophone en plus forte concentrat­ion dans l’ouest de la ville. Les années qui viennent seront celles de la prospérité, de la modernité et d’une Révolution tranquille qui va transforme­r le visage de la rue, de la ville et de toute la province.

3 FIERS UNIFORMES

Les deux personnage­s en bas à droite portent des uniformes qui les distinguen­t parmi la foule. Il est difficile de dire avec précision leur grade, mais leurs corps d’appartenan­ce peuvent facilement être identifiés. L’homme à droite, avec sa veste et sa casquette, est un officier de l’armée de l’air, la Royal Canadian Air Force. Le badge qu’il porte sur sa poitrine, une couronne de laurier accompagné­e d’un aileron, témoigne de son rôle de mitrailleu­r aérien ou de bombardier. Quant au personnage de gauche, sa minceur et son encolure lui donnent une apparence féminine, pour l’oeil d’aujourd’hui. Il s’agit en fait d’un jeune matelot de la Marine royale canadienne. Il est en effet impensable qu’une femme ait porté un tel uniforme à l’époque. Pour les dames, c’est la chemise boutonnée bien haut et la cravate ! La Marine aura néanmoins le mérite d’être le premier corps d’armée canadien à accueillir les femmes. À la fin de la guerre, elles sont 6000 à en faire partie.

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