Le Journal de Montreal

Moins de champs de fraises à cause du coût des employés

La hausse du salaire minimum frappe de plein fouet les producteur­s de petits fruits

- MARIE-ÈVE DUMONT

Des agriculteu­rs québécois sont forcés de cultiver moins de fraises et de framboises en raison de la hausse du salaire minimum, en plus de couper dans le personnel.

L’augmentati­on du salaire minimum de 10,75 $ à 12 $ en deux ans au Québec met un poids considérab­le sur les agriculteu­rs. La production de fraises et de framboises nécessite beaucoup de main-d’oeuvre, notamment pour la plantation, le désherbage et la récolte des fruits.

« C’est décevant parce que ça brise les ailes de notre projet de faire des fraises. La marge de profit est tellement minime dorénavant que ça ne vaut plus la peine d’en faire autant », se désole Marc-André Isabelle, qui est aussi producteur laitier et de légumes de conservati­on à Coteau-duLac en Montérégie.

M. Isabelle a réduit des deux tiers la surface de production de fraises cette année parce que ce n’était simplement plus rentable. Il est également passé de 14 à 10 employés cette saison.

MOINS DE NOS FRUITS

La majorité des producteur­s emploient comme lui des travailleu­rs saisonnier­s ou des étudiants payés au salaire minimum pour la production de fraises.

Cette décision de plusieurs agriculteu­rs ne devrait pas influencer le prix des petits fruits pour le consommate­ur puisque la Californie livre une forte concurrenc­e, même en plein coeur de la saison estivale. Ce qui fait que les producteur­s ne peuvent pas augmenter le prix de leurs produits sans perdre leurs clients.

Cependant, à long terme, il pourrait y avoir moins de nos fameux petits fruits rouges québécois sur les tablettes puisque des fermes pourraient abandonner la production.

Le producteur de fraises David Lemire à Trois-Rivières a quant à lui décidé de réduire ses plants de fraises de 10 % pour éviter de vendre une partie de ses fruits aux grossistes, ce qui est moins payant.

« Cette décision touche aussi le vendeur d’engrais, celui de plants, de paniers de carton, c’est eux aussi qui vont avoir 10 % moins de vente », insiste M. Lemire.

Guy Pouliot, de la ferme Onésime Pouliot sur l’île d’Orléans craint que cette situation freine l’élan que connaît la framboise du Québec.

Des producteur­s développen­t présenteme­nt de nouvelles techniques, comme la culture hors sol, afin d’offrir un fruit qui se conserve mieux. Les producteur­s pourraient ainsi concurrenc­er la framboise américaine ici et même penser exporter chez nos voisins.

« On fait des choses que personne ne fait en Amérique du Nord. On est performant­s, on n’a rien à envier aux Américains du côté technique. Les framboises, c’est en train d’éclore. La hausse du salaire minimum, personne n’est contre ça, mais ça peut te casser un “momentum” », déplore Guy Pouliot.

 ?? PHOTO PIERRE-PAUL POULIN ?? Marc-André Isabelle, à Coteau-du-Lac, a lancé le projet de faire des fraises il y a quatre ans, mais cette année, il a réduit des deux tiers l’espace réservé à ce petit fruit.
PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Marc-André Isabelle, à Coteau-du-Lac, a lancé le projet de faire des fraises il y a quatre ans, mais cette année, il a réduit des deux tiers l’espace réservé à ce petit fruit.

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