Le Journal de Montreal

Le refus de Trudeau d’interdire la culture de pot à la maison irrite

- MAXIME HUARD

OTTAWA | « Incohérenc­e », « occasion ratée », « power trip »… le gouverneme­nt Trudeau a reçu une volée de bois vert de la part du Québec, des partis d’opposition et de certains sénateurs, hier, en maintenant la ligne dure sur la culture du cannabis à domicile.

Dans sa réponse aux 46 amendement­s proposés par le Sénat au projet de loi C-45 sur la légalisati­on, Ottawa a rejeté celui qui aurait permis aux provinces d’interdire la culture à domicile.

« À mon avis, c’est une occasion ratée », a tranché le sénateur québécois du groupe des indépendan­ts, André Pratte. Il estime que le gouverneme­nt aurait dû faire preuve de fédéralism­e coopératif.

« J’y vois une incohérenc­e, j’y vois un non-respect de la compétence des provinces », a déploré de son côté la sénatrice québécoise Raymonde Saint-Germain.

« On reconnaît qu’il y a différente­s perspectiv­es à travers le pays, mais nous avons fait des études et des décisions par rapport à la culture à domicile », a affirmé le premier ministre canadien, Justin Trudeau, à son arrivée au caucus libéral hier matin.

Dans son projet de loi sur la légalisati­on de la marijuana, Ottawa veut permettre aux citoyens de faire pousser jusqu’à quatre plants de cannabis à la maison, une dispositio­n à laquelle s’opposent le Québec et le Manitoba.

UN «POWER TRIP»

La réponse du fédéral a semé l’indignatio­n à l’Assemblée nationale, où la loi provincial­e sur le cannabis a été adoptée la veille. Le ministre responsabl­e des Relations canadienne­s, Jean-Marc Fournier, a accusé Ottawa de « manquer de respect » envers le Québec.

Le refus du gouverneme­nt a également exaspéré l’opposition.

Pour le chef intérimair­e de Québec debout, Rhéal Fortin, Ottawa fait « un beau gros ‘‘power trip’’ ».

« Les libéraux ont non seulement décidé de légaliser le cannabis. Ils ont aussi décidé que le Québec, les provinces, le Sénat, l’opposition et tout le monde allaient se plier à leurs volontés », a déploré M. Fortin.

« Si le gouverneme­nt ne veut pas entendre raison après tout le travail qui a été fait, on pourra regarder quels sont nos recours », a quant à lui laissé planer le lieutenant québécois des conservate­urs, Alain Rayes.

Les députés doivent voter cette semaine sur les amendement­s et les renvoyer au Sénat. Les sénateurs décideront ensuite s’ils acceptent la volonté du gouverneme­nt ou s’ils exigent de nouvelles modificati­ons.

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ANDRÉ PRATTE Sénateur

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