Des parents exténués par la grève
Certains interpellent le gouvernement du Québec pour que les CPE deviennent un service essentiel
Heures coupées au travail et épuisement. La grève générale illimitée qui dure depuis une semaine dans une soixantaine de CPE commence à peser lourd pour les parents, au point où certains demandent au gouvernement d’intervenir.
« Les parents sont tellement à bout. Il y en a qui sont si désespérés qu’ils vont laisser leurs enfants chez des étrangers parce qu’ils n’ont pas le choix », raconte Victoria Camerota, une mère de Laval qui dit être en contact avec plus d’une centaine de parents.
Depuis plus d’une semaine, les parents de 3000 enfants de Montréal et Laval sont touchés par la grève illimitée de 57 centres de la petite enfance (CPE).
Mme Camerota a créé une page Facebook mardi pour rassembler les parents exténués par cette grève. Elle souhaiterait que le gouvernement intervienne pour faire des CPE un service essentiel.
« Je le fais pour ceux qui sont dans une situation financière difficile », explique celle qui soutient avoir reçu l’appui d’environ 200 personnes.
Par exemple, une mère monoparentale l’a contactée, car elle travaillait 35 heures par semaine dans une crèmerie. Avec tous les jours de congé qu’elle a dû prendre par manque de service de garde, elle s’est vu réduire son nombre d’heures à 10 pour les prochaines semaines, raconte-t-elle.
« Je veux que ce soit clair : je n’en ai pas contre les éducatrices. C’est contre le moyen de pression. »
« C’est l’enfer à gérer », abonde un père du quartier Villeray qui préfère taire son nom, craignant que son enfant soit pénalisé s’il critique les travailleuses. Des parents se relaient pour garder plusieurs jeunes du même CPE, d’autres dépendent des grands-parents. « On est juste brûlés », ajoute-t-il.
Même du côté de ceux qui soutiennent la grève des éducatrices, la grogne commence à se faire sentir.
« Il y a des mères qui doivent [piger dans leurs] congés de vacances parce qu’elles ont épuisé leurs jours de maladie », illustre Isabelle Bourgeois, une mère du secteur Pointe-Saint-Charles.
« UN CONFLIT PRIVÉ »
C’est notamment la question des listes de priorité et des choix de vacances pour les éducatrices qui achoppent. Nathalie Fontaine, de la partie syndicale, indique avoir déposé une offre finale mardi.
Du côté patronal, Chantal Bellavance affirme que les négociations en sont à l’étape des « finalités ». Mais tard hier soir, aucune entente n’avait été conclue.
Le ministre de la Famille, Luc Fortin, a répété hier qu’il s’agissait d’un conflit de travail privé.
« DÉSESPÉRÉS IL Y EN A QUI QU’ILS SONT SI VONT LAISSER LEURS ENFANTS CHEZ DES ÉTRANGERS PARCE QU’ILS N’ONT PAS LE CHOIX » – Victoria Camerota, mère