En appel pour ne pas avoir plus d’employés
Un arbitre avait ordonné au CHSLD d’embaucher
Un CHSLD de Montréal juge « déraisonnable » de devoir embaucher du personnel, même si un arbitre l’a sommé de le faire pour éviter de laisser ses résidents dans des couches souillées et de livrer leurs médicaments et repas en retard.
Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Ouestde-l’Île-de-Montréal, responsable du CHSLD Denis-Benjamin-Viger, porte en appel la décision d’un arbitre rendue en avril.
Celui-ci ordonnait au CHSLD de 125 résidents d’embaucher une infirmière et huit préposés aux bénéficiaires pour offrir des soins adéquats. C’était la première fois que le tribunal d’arbitrage tranchait ainsi, à la suite d’une demande syndicale.
« ENTÊTEMENT »
Dans sa demande d’appel, le CIUSSS qualifie la décision de « déraisonnable » et soutient que l’arbitre s’est prononcé « sans compétence ». Le CIUSSS n’a pas voulu accorder d’entrevue, puisqu’un processus judiciaire est en cours.
Pour la présidente du syndicat local, Johanne Riendeau, le CIUSSS fait preuve « d’entêtement » dans cette cause.
Le CIUSSS plaide que l’arbitre devait se limiter au fardeau de tâche des infir- mières. Il ne devait pas selon lui se pencher sur les préposés aux bénéficiaires, et encore moins sur la gestion des quarts de travail.
Embaucher le personnel réclamé lui coûterait plus de 500 000 $, un budget que le CHSLD n’a pas. Enfin, le CIUSSS soutient que rien ne prouve que le fort taux d’absentéisme des employés soit relié à une surcharge de travail.
CARENCES »
La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Nancy Bédard, dénonce l’attitude du CIUSSS qui « pousse l’insulte à l’injure ».
« Au lieu de se mettre au travail pour s’assurer que les patients reçoivent des soins de qualité et sécuritaires, on repousse ça en continuant de judiciariser le dossier », dénonce-t-elle.
« Pour moi, ce n’est pas un employeur qui remplit ses devoirs et ses obligations », poursuit Mme Bédard, ajoutant que les employés se battent pour améliorer les conditions depuis déjà deux ans. Dans sa décision, l’arbitre Richard Bertrand déplorait que « le niveau de soins dispensés aux résidents [...] souffrait de carences difficilement acceptables ».
Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, n’a pas voulu commenter, puisque la cause a été portée en appel.