Québec s’est fait proposer un métro aérien
L’offre du privé coûte 700 M$ de moins que le projet de tramway retenu et offre davantage de services
QUÉBEC | Avant d’opter pour un tramway à 3 G$, la Ville de Québec s’est fait présenter un projet de métro aérien en partenariat public-privé qui aurait coûté 700 M$ de moins, tout en desservant l’aéroport et la ville de Lévis, selon son promoteur.
Notre Bureau d’enquête a appris qu’un consortium impliquant notamment les multinationales britanniques PwC et Arup a offert l’an dernier à la Ville de construire quatre lignes de métro aérien comportant 57 stations pour un total de 61 km de long. Ce projet n’a pas été présenté aux citoyens.
Par comparaison avec les lignes de métro aérien proposées, les lignes de tramway et de trambus finalement retenues par l’administration Labeaume et endossées par le gouvernement Couillard, baptisées « réseau structurant », font 40 km de long. Elles ne s’aventurent ni à l’aéroport Jean-Lesage ni sur la Rive-Sud.
Le tracé suggéré par PwC et Arup comporte quatre axes (voir sur la carte). Une ligne principale de 29 km entre l’aéroport Jean-Lesage, la Haute-Ville et Charlesbourg ; Une seconde voie de 9 km à partir de la Gare fluviale, à travers Limoilou et vers Beauport ; Une ligne de 19 km qui traverse Lévis et emprunterait le pont Pierre-Laporte pour traverser le fleuve Saint-Laurent ; Une boucle plus modeste de 4 km à travers le campus de l’Université Laval.
PAYÉ SUR 30 ANS
PwC, un géant de la finance, et Arup, une firme de design et d’ingénierie, sont loin d’être à leurs premiers projets de transports. Toutes deux travaillent en ce moment avec le gouvernement fédéral à la construction du nouveau pont Champlain, à Montréal.
Pour leur projet à Québec, elles proposaient de trouver elles-mêmes le financement pour la construction de leur métro aérien de 2,3 G$ jusqu’à ce qu’il soit en service. Les pouvoirs publics rembourseraient ensuite graduellement les coûts pendant une trentaine d’années avant de devenir propriétaires de l’infrastructure, comme dans le cas du pont à péage de l’A25 à Montréal (auquel PwC a aussi travaillé).
Selon des documents que nous avons consultés, les voies du métro aérien sont surélevées de 7 mètres, contrairement au tramway qui circule au sol ou en tunnel. Les stations, chauffées et climatisées, sont toutes accessibles par des ascenseurs.
« TOUJOURS SUR LA TABLE »
Les promoteurs avancent que leurs trains circuleraient à une vitesse moyenne allant jusqu’à 40 km/h. Cela permettrait par exemple de relier l’aéroport et les Galeries Charlesbourg en 39 minutes, ou de se rendre au Centre Vidéotron à partir de la Place Sainte-Foy en moins de 17 minutes.
Joint par notre Bureau d’enquête, le porte-parole du Consortium, Louis Aucoin, a confirmé que des rencontres pour présenter le projet à la Ville ont eu lieu « en août et septembre derniers ».
« Le projet de métro aérien […] est toujours sur la table », a-t-il affirmé. « Le métro aérien coûte 1 milliard $ moins cher (que le tramway) parce qu’on n’a pas besoin de creuser des tunnels et d’ouvrir les rues », a ajouté M. Aucoin.
Plusieurs questions restent sans réponses. Le consortium PwC et Arup, qui comporte aussi les consultants québécois en transports Solutrans et Loctrans, n’a pas voulu préciser qui seraient les investisseurs privés. Et comme dans le cas du tramway, seuls un tracé approximatif et des estimés techniques préliminaires ont été présentés à ce jour.