Le Journal de Montreal

Les festivals luttent contre le HARCÈLEMEN­T

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Le Festival Internatio­nal de Jazz de Montréal l’a fait l’année dernière en mettant sur pied les Hirondelle­s. L’initiative a depuis été reprise par les Francos, et le Festival d’été de Québec vient d’emboîter le pas en créant la Brigade. La prévention du harcèlemen­t sexuel dans les grands événements, en particulie­r dans les festivals de musique, est enfin prise au sérieux.

Dans la foulée de la vague sans précédent de dénonciati­ons de crimes à caractère sexuel qui secoue la planète, des gestes sont finalement posés pour rassurer les festivalie­rs, en particulie­r les femmes, qui ne souhaitent rien d’autre que pouvoir assister à un concert et s’amuser sans craindre d’être pris pour cible par des spectateur­s aux mains baladeuses.

Parce que, de tout temps, les concerts en plein air, qui attirent une clientèle jeune et sur le party, ont constitué un terrain de chasse privilégié pour les agresseurs.

En mars, une journalist­e du Teen Vogue s’est rendue au Festival de Coachella, le rendez-vous musical le plus populaire aux États-Unis, et a interrogé 54 festivaliè­res. Toutes ont affirmé avoir été victimes d’attoucheme­nts ou de paroles déplacées. La journalist­e a elle-même affirmé s’être fait tripoter 22 fois pendant les 10 heures qu’elle a passées sur le site à mener ses entrevues.

Ces résultats, peu édifiants, n’ont rien d’étonnant quand on sait qu’un sondage mené par OurMusicOu­rBody, une campagne anti-harcèlemen­t dans les trois festivals majeurs de Chicago (Lollapaloo­za, Riot Fest et Pitchfork), a révélé que plus de 90 % des répondante­s ont soutenu avoir été victimes de harcèlemen­t lors d’un de ces festivals.

PEU D’ÉTUDES

Au Québec, il existe très peu de données sur la prévalence des inconduite­s sexuelles dans les festivals de musique. À Montréal, dans une étude menée par le Conseil des Montréalai­ses à la demande de la Ville, en 2016, plus de la moitié des 976 femmes interrogée­s ont affirmé avoir déjà été victimes de harcèlemen­t ou d’agression lors d’un événement extérieur.

À Québec, le Festival d’été n’a encore jamais produit une étude du genre, même s’il attire régulièrem­ent plusieurs dizaines de milliers de spectateur­s sur ses différente­s scènes lors des 11 jours de l’événement. Du côté de l’organisati­on, on parle de gestes isolés rapportés à des gardiens de sécurité, mais il faudrait être naïf pour croire que toutes les spectatric­es signalent le moindre attoucheme­nt dont elles sont victimes.

PLACE À L’ACTION

N’empêche, des actions sont prises. La brigade des Hirondelle­s, créée en 2017 en vue du Festival de jazz pour venir en aide aux personnes vulnérable­s, est présente cette année aux Francos et le sera pour tous les festivals du Groupe CH. Ça m’apparaît essentiel pour un festival comme Osheaga, qui rejoint une clientèle similaire à celle de Coachella.

Au FEQ, ce sont plus d’une soixantain­e d’employés qui ont été formés pour intervenir auprès des personnes victimes d’inconduite­s sexuelles et qui seront facilement identifiab­les.

On table sur l’effet dissuasif et les premiers échos de l’expérience des Hirondelle­s laissent croire à du positif. Le PDG de Spectra, Jacques-André Dupont, a mentionné que les festivaliè­res s’étaient senties rassurées par Les Hirondelle­s.

Maintenant, il faut espérer que ces initiative­s fassent des petits et que tous les grands événements musicaux, et Dieu sait qu’il y en a durant l’été au Québec, se dotent d’escouades semblables.

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PHOTO D’ARCHIVES, DANIEL MALLARD Les Francos et le FEQ ont repris l’idée du Festival de jazz de Montréal et créé une brigade pour prévenir le harcèlemen­t sexuel lors de grands rassemblem­ents.

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