Pas de peine assez lourde
Happée par un chauffard ivre
Une jeune femme de la Montérégie blessée gravement par un chauffard ivre qui a admis sa culpabilité trois ans après l'accident ne voit pas de peine comparable au cauchemar qu’elle vivra pour toujours.
« Pour moi, c’est une sentence à vie. Ce ne sera jamais fini, je ne serai jamais pareille. J’aurai toujours mes cicatrices », dénonce Tina Adams.
Le 12 juin 2015, avec 0,133 mg d’alcool dans le sang alors que la limite est de 0,08, Jordan Xavier Taylor quittait une soirée dans un club de golf de Hudson.
En route vers son domicile, il a fauché deux joggeurs, Tina Adams et son ami Alique Langlois, ainsi qu’un poteau d’Hydro-Québec. Il a ensuite pris la fuite avec un ami avant d’être dénoncé par ses parents.
Si M. Langlois s’en tirera avec des blessures mineures, Mme Adams garde des séquelles permanentes de la collision.
COMME UNE ORDURE
« Il aurait dû avouer sa culpabilité il y a trois ans. Il m’avait laissée sur le bord de la route comme une ordure. Pendant tout ce temps, j’ai dû revivre les événements et je continue encore aujourd’hui », décrit la jeune femme de 23 ans.
Le 19 juin dernier, Taylor a plaidé coupable à deux accusations de conduite avec les capacités affaiblies causant des lésions.
En échange de son plaidoyer, certaines accusations, dont négligence criminelle, délit de fuite et conduite dangereuse, ont été suspendues.
L’homme de 25 ans recevra sa sentence en septembre.
« Je ne pense pas qu’il apprenne quoi que ce soit s’il va en prison. Il faut qu’il voie la douleur des victimes à l’hôpital pour comprendre l’impact de ses gestes », suggère la résidente de Hudson.
DOULEURS
Malgré une vingtaine d’opérations, Mme Adams peut difficilement se déplacer avec aise en béquilles en raison de ses blessures aux jambes et aux hanches. En plus de multiples fractures, elle a été brûlée par le fil électrique.
Encore aujourd’hui, elle souffre de moments de confusion et de pertes de mémoire en raison du traumatisme crânien qu’elle a subi.
« Chaque journée, chaque heure sont difficiles. Je dois prendre des antidouleurs quotidiennement. Je dois continuellement compter sur les autres pour m’aider, raconte-t-elle. Par moment, j’ai l’impression d’être achalante pour mes proches. »
Devant le tribunal, l’avocat du chauffard a lu une déclaration relatant les circonstances du drame tel que l’a reconnu l’accusé.
La Couronne a profité de l’occasion pour rappeler que Taylor n’avait pas écouté les gens sur place qui ont tenté de l’empêcher de prendre le volant.
« Ils avaient même réservé une navette pour les participants. C’était évitable », soutient celle qui étudiait en techniques policières à l’époque, mais qui a dû tracer une croix sur cette carrière.