Dictionnaire à l’usage des petits lapins (1)
Tu es un petit lapin et tu as de la difficulté à comprendre comment fonctionne le monde des grandes personnes ?
Ne crains rien : grâce à ce dictionnaire, tu pourras maintenant t’y retrouver.
PREMIER MOT : JOUER
Je sais que c’est dur à comprendre pour un petit lapin comme toi, mais jouer, c’est incarner une personne qui est totalement différente de soi. Dans le monde normal (c’est-à-dire : le monde des adultes, qui sont capables d’échapper à leur ego et de s’extirper de leur réalité), plus le personnage qu’un comédien incarne se situe loin de lui, meilleur on trouve ce comédien !
Par exemple : un hétéro qui incarne un gai (Tom Hanks dans Philadelphia), une personne normale qui incarne un handicapé (Daniel Day Lewis dans My Left Foot) ou une femme qui incarne un homme (Linda Hunt dans The
Year of Living Dangerously). Savais-tu que Jeff Bridges, le comédien qui incarne un extra-terrestre dans Starman, n’est pas un extra-terrestre ? Eh oui ! Fou, hein ? De même, Christian Bale, qui était pourtant si convaincant dans American Psycho, n’a jamais découpé une femme à la scie mécanique ! (Ce qui a grandement choqué l’Association américaine des tueurs en série, qui a déposé une plainte contre le producteur.)
C’est ce qu’on appelle des « acteurs ». Des gens qui jouent à être quelqu’un d’autre.
DEUXIÈME MOT : APARTHEID
L’apartheid, c’est séparer les gens selon leur race, leur sexe ou leur orientation sexuelle.
Dans le monde normal (c’est-à-dire : le monde des grandes personnes), cette pratique est considérée comme réactionnaire, pour ne pas dire fasciste.
L’apartheid « positif » (des festivals de musique pour femmes seulement, par exemple) est perçu comme un non-sens. La discrimination positive aussi. C’est comme les cigarettes « légères » ou le fast food « santé ». Ça n’existe pas. De par sa nature, la discrimination ne peut être que négative.
« Discrimination positive » est ce qu’on appelle un oxymore. L’association de deux mots qui se contredisent et que tout sépare. Comme « nightlife ontarien », par exemple. Ou « islamisme modéré ».
De même, le mot « racisme » veut dire : « Juger de la qualité d’une personne par la couleur de sa peau ».
Dire qu’un artiste noir est intéressant parce qu’il est noir est raciste. C’est définir un individu par la seule couleur de sa peau, l’enfermer dans sa race, le réduire à n’être que le représentant d’un groupe, et non une personne à part entière.
TROISIÈME MOT : PHOTOGRAPHIE
Je sais que tu vas trouver ça drôle, mon petit lapin, mais photographier, dans le monde normal, consiste à capter ce qui se situe EN FACE de nous. Et non CAPTER NOTRE FACE. On tourne l’objectif vers l’extérieur, vers ce qui nous entoure, et non vers son nez ou son nombril.
Contrairement au selfie, qui est un miroir, la photographie est une fenêtre qui nous permet de voir le monde. Et, surtout, de nous confronter à lui. Un selfie, c’est Justin Trudeau devant le Taj Mahal. Une photographie, c’est le Taj Mahal. Tu comprends ?
Au cours des prochains jours, mononcle Richard ajoutera d’autres mots à son dictionnaire pour t’aider à grandir. Parce que je t’aime.