Combien gagnent Guy A. Lepage et Véro ?
Guy A. Lepage, Patrice L’Écuyer ou Véronique Cloutier gagnent-ils un million par année à Radio-Canada ? La moitié de ça ? Ou deux fois plus ? Vous aurez beau éplucher le rapport annuel de la société d’État, vous ne trouverez pas la réponse.
Vous saurez tout juste le salaire annuel du PDG (563 394 $) et à peu près celui des deux vice-présidents principaux (entre 300 000 $ et 640 000 $). J’imagine que le plus gros salaire est pour la vice-présidente du réseau anglais ! Le rapport prend soin d’ajouter que ces salaires sont à peine la moitié de ceux qu’on paie au privé pour des fonctions similaires.
Si vous fouillez encore, vous apprendrez que trois animateurs (sans doute du réseau anglais !) gagnent plus d’un demi-million par an, que cinq intervieweurs empochent en moyenne 269 574 $ et huit chroniqueurs, 215 688 $. Cela ne comprend pas les heures supplémentaires, soit environ 10 % du salaire.
ATTENTION SI VOUS ÊTES INVITÉ
Ultime effort de transparence, Radio-Canada publie sur internet les frais de bouche et de représentation ainsi que les frais de voyage de ses hauts dirigeants. À l’occasion, on pousse la franchise jusqu’à révéler le nom de la personne qu’on a eu l’obligeance d’inviter au restaurant. Si vous tenez mordicus à l’anonymat, prière de ne pas accepter d’invitation.
Même si le rapport de Radio-Canada fait plus de 100 pages, inutile de chercher la somme des contrats accordés aux entreprises de Fabienne Larouche ou du couple Cloutier-Morrissette, le coût de production d’une émission, le prix d’achat d’une série américaine, le montant des bonis payés à la direction ou le nombre d’années de service ajoutées à la retraite de tel ou tel directeur ou vice-président. Pas un mot là-dessus.
Par comparaison, le rapport de la BBC, une société d’État à laquelle RadioCanada aime bien se comparer, est deux fois plus long et, surtout, beaucoup plus explicite.
LA BBC RÉVÈLE PRESQUE TOUT
Il y a longtemps que la BBC révèle les salaires exacts de tous les membres de la direction ainsi que l’état de leur régime de pension et, s’il y a lieu, les avantages tangibles dont ils jouissent. Depuis 2008, aucun directeur ne touche de boni, sauf s’il s’agit d’une personne dont la tâche principale est la vente.
Pour la deuxième année consécutive, la BBC révèle les noms de tous ceux qu’elle paie plus de 150 000 livres (environ 258 000 $) par an. Il y en a quelques douzaines. La première année, ce geste de transparence sans égal a fait des vagues. Les femmes ont appris avec indignation qu’aucune d’entre elles ne faisait partie des plus hauts salariés. Elles comptaient même pour le quart seulement de la liste de ces privilégiés. La BBC a dû s’engager à ce qu’elles comptent pour 40 % des hauts salariés d’ici à la fin de 2019 et qu’elles soient en nombre égal avec les hommes d’ici à 2022. Aujourd’hui, les 12 plus hauts salariés de la BBC qui sont à l’antenne sont des hommes. La situation est-elle la même à Radio-Canada ? Ce n’est pas demain la veille qu’on le saura, Radio-Canada pouvant prétexter que toutes ses vedettes sont rémunérées par des compagnies privées. Compagnies privées, soit !, mais qui n’en vivent pas moins de l’argent public, puisqu’elles sont rémunérées par Radio-Canada et touchent d’importants crédits d’impôt.