Le Journal de Montreal

LES ONDES RADIO BLOQUÉES PAR LE BÉTON

L’ambulancie­r François Goyette a été incapable d’appeler des secours lors d’un cas d’arrêt cardiaque, à cause des ratés du système de communicat­ion d’urgence RENIR.

- NICOLAS LACHANCE

QUÉBEC | Le signal du système de communicat­ion d’urgence de la Sécurité publique ne se rend pas dans de nombreux bâtiments, mettant ainsi la vie de citoyens en danger et forçant les services d’urgence à se doter de systèmes d’appoint dans tous leurs postes.

Le Réseau national intégré de radiocommu­nication (RENIR) est en déroute. Plusieurs sources policières et ambulanciè­res se sont confiées au Journal pour expliquer les problèmes liés aux signaux radio depuis le début de la migration du système.

Selon nos informatio­ns, les communicat­ions radio du nouveau système sont souvent bloquées par les murs bétonnés et de nouveaux types de matériaux de constructi­on.

Cela peut mettre en danger la vie de policiers, de citoyens et d’ambulancie­rs. La CNESST a notamment été interpellé­e à l’automne par des paramédica­ux qui soulignaie­nt que « l’on joue avec la vie des gens ».

Un homme a d’ailleurs failli mourir à Granby il y a quelques mois, en raison des ratés du système RENIR, alors que le signal de communicat­ion des ambulancie­rs qui intervenai­ent n’a jamais traversé le mur du bâtiment où se trouvait la victime en arrêt cardioresp­iratoire (voir autre texte).

Cette nouvelle défaillanc­e s’ajoute :

À la spirale des dépassemen­ts de coûts : le projet, qui devait être achevé en 2008 au coût de 144 M$, dépasse maintenant les 344 M$.

À la suspension du déploiemen­t du système en raison de ratés dans sa mise en service.

À l’entreposag­e de matériaux informatiq­ues qui sont toujours dans leur emballage, et ce, 10 ans après leur achat.

À l’embauche d’un consultant externe à 200 $ l’heure pour tenter de régler la « crise ».

DÉPLOIEMEN­T INTERMINAB­LE

Ces problèmes de signaux forcent le Centre de services partagés du Québec (CSPQ) à installer un « répéteur » de signal dans tous les postes de la Sûreté du Québec, un type d’amplificat­eur d’ondes.

La décision d’ajouter ces machines supplément­aires a été prise à l’automne 2017 et il en coûtera au contribuab­le 27500 $ par appareil.

De ce montant, 12 300 $ sont dépensés en moyenne pour installer l’objet, ce qui ne prend que cinq minutes, selon nos informatio­ns. À terme, le CSPQ pourrait dépenser plus de 3,5 M$ pour l’ensemble de sa flotte.

L’an dernier, l’organisati­on gouverneme­ntale soulignait que « le projet de constructi­on du RENIR était terminé depuis le 31 mars 2013 ». Or, le déploiemen­t du RENIR s’éternise, et la majorité de ces amplificat­eurs ne seront installés qu’en 2019.

INVESTIGAT­ION

Le directeur des communicat­ions du CSPQ, Christian Therrien, admet que les communicat­ions radio sont affectées.

« Quelques cas isolés de limitation­s reliées à de nouveaux types de matériaux de constructi­on ont été constatés ces derniers temps, affectant tous les types de réseaux de communicat­ion sans fil », a admis M. Therrien, qui soutient que les problèmes ne sont pas généralisé­s.

Il assure qu’il n’y a aucun danger pour la population, mais cette affirmatio­n est réfutée par nos sources, qui martèlent que l’ancien système fonctionna­it beaucoup mieux pour les communicat­ions de courtes distances.

« LE RENIR, C’EST ASSEZ FRÉQUENT QUE ÇA NE FONCTIONNE PAS. POUR L’UN DE NOS VÉHICULES, (...) ILS ONT CHANGÉ LE RADIO À PLUSIEURS REPRISES. ÇA SONNE ENGAGÉ TOUT LE TEMPS. » – François Goyette, ambulancie­r

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PHOTOS COLLABORAT­ION SPÉCIALE, ALEX DROUIN, ET D’ARCHIVES François Goyette témoigne des problèmes que vivent les ambulancie­rs avec le système de communicat­ion radio RENIR (en mortaise). Des policiers ont aussi rapporté au Journal les mêmes ratés.

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