LES ONDES RADIO BLOQUÉES PAR LE BÉTON
L’ambulancier François Goyette a été incapable d’appeler des secours lors d’un cas d’arrêt cardiaque, à cause des ratés du système de communication d’urgence RENIR.
QUÉBEC | Le signal du système de communication d’urgence de la Sécurité publique ne se rend pas dans de nombreux bâtiments, mettant ainsi la vie de citoyens en danger et forçant les services d’urgence à se doter de systèmes d’appoint dans tous leurs postes.
Le Réseau national intégré de radiocommunication (RENIR) est en déroute. Plusieurs sources policières et ambulancières se sont confiées au Journal pour expliquer les problèmes liés aux signaux radio depuis le début de la migration du système.
Selon nos informations, les communications radio du nouveau système sont souvent bloquées par les murs bétonnés et de nouveaux types de matériaux de construction.
Cela peut mettre en danger la vie de policiers, de citoyens et d’ambulanciers. La CNESST a notamment été interpellée à l’automne par des paramédicaux qui soulignaient que « l’on joue avec la vie des gens ».
Un homme a d’ailleurs failli mourir à Granby il y a quelques mois, en raison des ratés du système RENIR, alors que le signal de communication des ambulanciers qui intervenaient n’a jamais traversé le mur du bâtiment où se trouvait la victime en arrêt cardiorespiratoire (voir autre texte).
Cette nouvelle défaillance s’ajoute :
À la spirale des dépassements de coûts : le projet, qui devait être achevé en 2008 au coût de 144 M$, dépasse maintenant les 344 M$.
À la suspension du déploiement du système en raison de ratés dans sa mise en service.
À l’entreposage de matériaux informatiques qui sont toujours dans leur emballage, et ce, 10 ans après leur achat.
À l’embauche d’un consultant externe à 200 $ l’heure pour tenter de régler la « crise ».
DÉPLOIEMENT INTERMINABLE
Ces problèmes de signaux forcent le Centre de services partagés du Québec (CSPQ) à installer un « répéteur » de signal dans tous les postes de la Sûreté du Québec, un type d’amplificateur d’ondes.
La décision d’ajouter ces machines supplémentaires a été prise à l’automne 2017 et il en coûtera au contribuable 27500 $ par appareil.
De ce montant, 12 300 $ sont dépensés en moyenne pour installer l’objet, ce qui ne prend que cinq minutes, selon nos informations. À terme, le CSPQ pourrait dépenser plus de 3,5 M$ pour l’ensemble de sa flotte.
L’an dernier, l’organisation gouvernementale soulignait que « le projet de construction du RENIR était terminé depuis le 31 mars 2013 ». Or, le déploiement du RENIR s’éternise, et la majorité de ces amplificateurs ne seront installés qu’en 2019.
INVESTIGATION
Le directeur des communications du CSPQ, Christian Therrien, admet que les communications radio sont affectées.
« Quelques cas isolés de limitations reliées à de nouveaux types de matériaux de construction ont été constatés ces derniers temps, affectant tous les types de réseaux de communication sans fil », a admis M. Therrien, qui soutient que les problèmes ne sont pas généralisés.
Il assure qu’il n’y a aucun danger pour la population, mais cette affirmation est réfutée par nos sources, qui martèlent que l’ancien système fonctionnait beaucoup mieux pour les communications de courtes distances.
« LE RENIR, C’EST ASSEZ FRÉQUENT QUE ÇA NE FONCTIONNE PAS. POUR L’UN DE NOS VÉHICULES, (...) ILS ONT CHANGÉ LE RADIO À PLUSIEURS REPRISES. ÇA SONNE ENGAGÉ TOUT LE TEMPS. » – François Goyette, ambulancier