Le fédéral fait renaître un marais sur l’île aux trésors
Un habitat est construit sur une île au nord de Montréal à cause du pont Champlain
Les pêcheurs de la rivière des Prairies pourraient bien voir leurs prises se multiplier dans les prochaines années, grâce à un investissement de 5 millions $ d’Ottawa pour recréer un marais à l’île Lapierre, près du pont de l’autoroute 25.
« L’idée, c’est de recréer un milieu humide et un habitat d’eau douce pour le poisson », indique Bertrand Comte, gestionnaire aux Affaires environnementales chez Infrastructure Canada.
Autour de lui, de l’eau jusqu’aux genoux, des travailleurs installent des plantes aquatiques sous de grands filets blancs pour les protéger des canards et des bernaches qui dévorent les jeunes pousses.
Sous les plantes, ils espèrent voir de grands brochets, des perchaudes et des barbottes brunes venir frayer et se nourrir dans les prochaines années. Deux espèces vulnérables, le méné d’herbe et le chevalier cuivré, pourraient aussi s’y installer.
Une plage a aussi été créée pour permettre aux tortues de pondre, et des abris ont été aménagés pour les couleuvres brunes, une espèce en péril qu’on ne trouve qu’à Montréal.
PONT CHAMPLAIN
Travailleurs, plantes, poissons et reptiles participent tous à une expérience inédite pour Infrastructure Canada : réhabiliter un milieu naturel pour compenser la perte d’un autre, celui qu’a détruit le chantier du nouveau pont Champlain dans le fleuve Saint-Laurent.
« Les projets de construction de grande envergure ont inévitablement des impacts sur l’environnement », explique M. Comte. Plusieurs projets de compensation ont été analysés et celui de l’île Lapierre a été choisi « en raison de son grand potentiel écologique ».
Il y a deux ans, peu auraient pourtant parié sur la valeur écologique de l’île de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-auxTrembles, aussi surnommée l’île d’argent ou l’île aux trésors.
Son ancien propriétaire, la famille Argento, l’a remblayée entre 1980 et 1983 en vue d’y construire un complexe résidentiel qui n’a jamais vu le jour.
13,9 MILLIONS $
La Ville de Montréal a racheté le site en 2008 pour 13,9 M$, alors que le terrain ne valait que 400 000 $. Révélée en 2011 par l’émission Enquête, l’affaire a éclaboussé l’administration de Gérald Tremblay, déjà bercée par les scandales à l’époque. Pour redonner vie à l’endroit, Ottawa en a sorti 60000 m3 de remblai. Ceci a permis de laisser l’eau reprendre sa place sur l’île, redonnant naissance à un marais de 15 000 m2.
Après 18 mois de chantier, le travail est presque terminé. À la fin de l’été, les travailleurs laisseront la nature reprendre le contrôle des lieux.
La Ville de Montréal compte ensuite créer des sentiers de randonnée et des belvédères d’observation. L’ouverture au public est prévue en 2019.