Le Journal de Montreal

« Il ne pouvait pas être plus heureux »

Un homme qui luttait contre un cancer a perdu la vie en s’adonnant à sa passion, la moto

- ARNAUD KOENIG-SOUTIÈRE

Décédé dans un accident de la route la semaine dernière, un passionné de moto qui combattait le cancer a perdu la vie en faisant ce qu’il aimait, lui pour qui les promenades au grand air étaient une « délivrance » de la maladie.

Vendredi dernier, Yvan Poirier profitait d’un début de vacances anticipées après que l’usine dans laquelle il travaillai­t avait donné congé à ses employés en raison de la chaleur ; l’occasion rêvée pour ce passionné de moto d’enfourcher son engin et de partir sillonner les routes.

« D’aussi loin que je me rappelle, il a toujours eu des motos », se souvient sa fille Marie-Philippe.

L’homme de 56 ans originaire de Thetford Mines a toutefois connu une fin de promenade tragique. Alors qu’il circulait sur la route 112 à Sacré-Coeur-de-Jésus, en Chaudière-Appalaches, il a percuté le côté d’une voiture qui s’engageait sur le chemin.

MORT SUR LE COUP

Des manoeuvres de réanimatio­n ont été tentées, mais le décès d’Yvan Poirier a été constaté sur les lieux de l’accident. Il serait mort sur le coup. Selon la Sûreté du Québec, une « grosse roulotte » qui passait par là au même moment aurait fait en sorte que les conducteur­s des deux engins ne se sont pas aperçus.

« Je me console en me disant qu’il est mort en faisant ce qu’il aimait. Il est mort et il ne pouvait pas être plus heureux que ça. Il venait de tomber en vacances et il partait à moto », dit sa fille pour se réconforte­r.

Les nombreux décès à moto et les histoires incessante­s d’accidents trottaient dans la tête d’Yvan Poirier depuis les dernières années, ce qui l’a amené à redoubler de vigilance, selon son unique enfant.

« Il n’a jamais eu d’accident. Mais avec toutes les nouvelles qu’on voit sur les accidents de moto, il était plus peureux par rapport à ça », se rappelle Marie-Philippe, disant ne jamais avoir redouté qu’un tel drame coûte la vie de son père qui était « super prudent ».

« AÉRER L’ESPRIT »

Yvan Poirier était « un vrai passionné » de moto. C’est toutefois davantage pour « relaxer et voir les paysages » que pour faire rugir son moteur qu’il aimait partir sur la route. Souffrant d’un cancer des intestins depuis deux ans, les balades à bord de son valeureux engin de marque Victory étaient pour lui une façon d’échapper à la maladie, une « délivrance », selon sa fille.

« “J’ai eu une grosse semaine. Je vais aller m’aérer l’esprit.” Ce sont les derniers mots qu’il a dits à son voisin avant de partir », relate-t-elle, décrivant son père comme un homme « très attentionn­é » et « démonstrat­if ».

« Il a vécu beaucoup de choses cette année et l’an dernier à cause de son cancer. Il m’avait dit qu’il ne voulait plus faire de chimiothér­apie, confie Marie-Philippe. C’est peut-être mieux que ce soit arrivé, plutôt qu’il souffre et que ça dure une éternité. C’est bizarre à dire, mais je suis sûre que pour lui, c’était quasiment la plus belle mort… »

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PHOTO COURTOISIE Yvan Poirier s’était procuré sa rutilante moto Victory en 2014, un bolide dont il s’est fièrement épris.
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PHOTO FACEBOOK Yvan Poirier et sa fille Marie-Philippe Poirier.

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