Le Journal de Montreal

Pas un mot d’anglais en 16 ans

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Comme vous, j’ai suivi avec intérêt les cérémonies d’intronisat­ion au Temple de la Renommée du baseball de Vladimir Guerrero.

Comme vous, je n’ai pas été très impression­né par son discours de trois minutes et demie de remercieme­nts. Les quelques mots en espagnol pour remercier Montréal… et le Canada avaient l’air d’un débarras.

Peut-être que j’ai mal perçu la patente, mais faut que je confesse que j’ai vérifié auprès de certains confrères présents à Cooperstow­n.

La vérité, c’est que les quelques commentair­es de Guerrero sur Montréal, il a fallu que les journalist­es travaillen­t dur pour les obtenir.

Cela dit, y a-t-il quelqu’un qui peut m’expliquer comment on peut jouer 16 saisons dans le baseball majeur et ne pas parler quelques mots d’anglais ?

Comment on peut voyager, manger, se faire soigner et se divertir pendant dix ans à Los Angeles et ne jamais apprendre la langue du pays ?

Ne jamais dire « thank you very much ».

That does’nt make sense.

L’EXEMPLE DE TORTO

En Formule 1, il y a l’exemple de Christian Tortora. Torto ne veut rien savoir d’apprendre l’anglais. Mais il a pu se débrouille­r dans un sport dont les piliers s’appelaient Renault, Gitane, Alain Prost, Jabouille, Olivier Panis, Villeneuve et de nombreux Français tant dans la FIA que dans les médias.

Un confrère soulevait l’hypothèse que Guerrero était peut-être analphabèt­e. Ça peut arriver. Mais ne pas savoir lire et écrire n’a jamais empêché Jacques Demers d’apprendre l’anglais et de le parler fort bien.

Rodger Brulotte, qui adore Guerrero, expliquait hier que les temps ont changé dans le baseball depuis l’arrivée de Fernando Valenzuela.

Aujourd’hui, les joueurs latins ont des interprète­s mis à leur service par les équipes. Même chose pour les joueurs japonais et coréens.

Je veux bien croire, mais l’interprète ne suit quand même pas Vladimir jusqu’aux chiottes ! Y a une vie en dehors d’un stade de baseball.

NE PAS AVOIR À PARLER « LA » LANGUE

Cela dit, il est évident que Guerrero se débrouille en anglais. C’est en anglais que Brulotte a eu le plaisir de parler avec Guerrero.

Et puis, la communauté hispanique du grand Los Angeles est très importante.

Sans doute qu’on peut trouver des restaurant­s, des cliniques médicales et des décorateur­s qui vont vous servir en espagnol. Surtout quand on est une superstar du baseball et multimilli­onnaire.

SE SOUVENIR...

Et surtout, je soulève le point par curiosité. Un homme ou une femme a le droit de parler sa langue en tout temps.

Les Amerloques et leur anglais ont beau être dominants, si Guerrero n’a pas le goût de leur faire plaisir en se pliant à leur langue, ben, c’est bien pour lui.

D’ailleurs, il y a certaines soirées où on aimerait que les Mario Lemieux de ce monde se souviennen­t qu’ils ont une mère qui les écoute devant son téléviseur quelque part au Québec.

Quand même… pendant leur court séjour à Cooperstow­n, Fred Daigle et Mathieu Boulay ont dû apprendre vite leur espagnol…

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PHOTO USA TODAY Vladimir Guerrero n’est pas demeuré longtemps derrière le micro à Cooperstow­n, dimanche dernier.

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