Un détenu perd la vie en gérant ses médicaments
Sa soeur souhaite un meilleur contrôle en prison
La soeur d’un détenu mort d’une surdose de médicaments, qu’il pouvait s’administrer lui-même alors qu’il avait des antécédents de toxicomanie, réclame un meilleur contrôle de la médication en prison.
« Il n’y a rien qui excuse les gestes qu’il a posés pour se retrouver en prison, mais il ne méritait pas de mourir comme cela », se désole Johanne Marcotte.
Son frère Daniel, 55 ans, a été découvert sans vie dans sa cellule de l’établissement Archambault à Sainte-Anne-des-Plaines, dans les Laurentides, le 14 janvier 2017.
Presque un an et demi plus tard, l’enquête de la coroner Julie A. Blondin a permis de déterminer que le détenu était décédé accidentellement d’une intoxication médicamenteuse.
Les analyses sanguines ont notamment montré des concentrations toxiques d’un antidépresseur et un relaxant musculaire qu’il pouvait s’administrer lui-même.
BESOIN DE SURVEILLANCE
M. Marcotte a passé la majorité de sa vie adulte en prison pour des vols en lien avec sa toxicomanie.
Il recevait des traitements quotidiens de méthadone sous supervision derrière les barreaux. Cependant, les médicaments qu’il gérait étaient conservés dans sa cellule avec des doses pour sept jours à un mois.
« Force est de constater que les antécédents de M. Marcotte justifiaient une surveillance accrue dans l’administration de ses médicaments », écrit Me Blondin
« À la lecture du rapport de la coroner, j’étais en colère. Je réalise qu’ils n’ont pas pris soin de lui », dénonce Mme Marcotte.
De plus, Daniel Marcotte avait fait plusieurs tentatives de suicide entre 1995 et 2003 ainsi que des surdoses de médicaments entre 2010 et 2016 alors qu’il était incarcéré.
PAS D’HIER
« Ils savaient qu’il cachait des médicaments et qu’il ne respectait pas la posologie. Pourquoi lui donne-t-on ses médicaments dans ce cas ? » s’interroge Jean-Claude Bernheim, expert du milieu carcéral.
Le spécialiste rappelle que l’enquêteur du Service correctionnel du Canada (SCC) soulignait les lacunes dans le suivi de la médication des détenus en 2013-2014. Il demandait d’ailleurs de devancer la date de l’informatisation des dossiers médicaux des prisons.
Ce qui n’était toujours pas fait à l’établissement Archambault en 2017, selon le rapport d’investigation. Après avoir collaboré avec le comité d’enquête du SCC, la coroner soutient toutefois que les fiches médicales seront informatisées.
Me Blondin recommande également que les médicaments des détenus toxicomanes ou suicidaires soient administrés sous supervision pour éviter les risques de surconsommation.
Ce que Mme Marcotte espère aussi pour « ne plus mettre la vie des prisonniers en danger ».