Les partis politiques nous aiment
Chaque jour, ils nous déclarent leur amour en nous inondant de promesses à coups de milliards. Il leur reste près d’un mois à nous faire valser, nous entourlouper, séduire et rouler dans la farine par des engagements financiers qui donnent à penser que le Québec, l’avant-dernière province la plus pauvre et taxée du Canada, est très riche.
À ce jour, je suis tentée de voter pour Québec solidaire, qui promet d’installer internet à la grandeur du Québec. Possédant un camp de pêche au nord de La Tuque, je ne peux plus aller y pêcher les dorés de mon lac, faute d’internet essentiel à mon travail.
Je suis aussi tentée de voter pour la CAQ, car je rêve de ces maisons de vieillards cinq étoiles (les maisons, pas les vieux). Le hic, c’est qu’au moment où elles verront le jour, je ne serai plus là pour en bénéficier.
Je suis emballée par les promesses du PLQ d’accompagner la revitalisation du centre-ville de Dolbeau-Mistassini, dont je n’ai retenu lors de mon dernier passage qu’une impression de désolation. Hélas, je ne vis pas à Dolbeau-Mistassini.
Je risque aussi de voter pour le PQ, dont la promesse de financer l’installation de serres sur nos édifices en milieu urbain me fera enfin réaliser mon rêve de cultiver tomates, concombres et rutabagas sur mon toit, profitant en même temps de rabais de taxes foncières.
ÉLECTEURS
N’en avez-vous pas marre des promesses qui nous remplissent comme des outres ? Qui sous-estiment notre intelligence. Qui laissent croire que les électeurs sont des imbéciles.
Les spécialistes en manipulation conseillent les partis politiques, les assurant de l’efficacité de multiplier les promesses, dont chacun en retiendra quelques-unes qui l’influenceront dans l’isoloir au moment de voter. C’est triste, mais en partie vrai.
Cette orgie de promesses à laquelle tous les partis consentent s’est accentuée au cours de cette campagne. Et les promesses semblent inversement proportionnelles à la vision politique, laquelle est réduite à une peau de chagrin.
POLITICAILLERIE
La politique cède ainsi le pas à la politicaillerie. La poudre aux yeux, les demi-vérités, la théâtralisation médiatique ont un effet réducteur sur le processus électoral qui devrait dans l’idéal être un des moments forts de la vie démocratique.
Rétrospectivement, Maurice Duplessis qui promettait des bouts de route en asphalte, des frigos et des machines à laver à ses électeurs fait figure d’enfant d’école comparé à nos chefs qui nous « milliardisent » de leurs promesses.
C’est à se demander pourquoi Philippe Couillard n’a pas réalisé ses promesses pour lesquelles il s’engage aujourd’hui. Pourquoi François Legault promet-il ce qu’il sait ne pouvoir réaliser, lui qui critiquait le gouvernement quand il était dans l’opposition ? Pourquoi Jean-François Lisée se transforme-t-il en populiste à ras les pâquerettes avec ses lunchs et ses congés de paternité en taisant le seul vrai congé péquiste, celui de prendre congé du Canada ? Pourquoi Manon Massé et son colocataire n’ontils aucune gêne à annoncer plus de 20 milliards de promesses ?
Quel spectacle lamentable ! De quoi rendre cyniques même les heureux de nature et les optimistes irréductibles.
N’en avez-vous pas marre des promesses ?