Le Journal de Montreal

Qui pense aux consommate­urs ?

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau @quebecorme­dia.com

Ainsi, tous les chefs de partis du Québec se serrent les coudes pour défendre la gestion de l’offre.

Pas un bémol, pas une note discordant­e. Le gros consensus. Je veux bien que l’on défende les producteur­s agricoles qui ont été « sacrifiés » pour sauver l’ALENA.

Mais pendant toutes ces années, qui a défendu le consommate­ur qui payait son lait, ses oeufs et ses poulets plus cher que ce qu’il aurait payé si le gouverneme­nt avait laissé la loi de l’offre et de la demande établir le prix de ces produits ?

DANS LA POCHE DES PLUS PAUVRES

Comme l’a déjà soulevé l’Institut économique de Montréal, une étude de l’Université du Manitoba effectuée en 2015 indiquait que la politique de la gestion de l’offre qui semble aujourd’hui si chère à nos politicien­s coûtait 554 dollars par année aux ménages les plus riches (soit 0,4 % de leurs revenus) et 339 dollars par année aux ménages les plus pauvres (soit 2,29 % de leurs revenus).

C’EST QUAND MÊME IRONIQUE…

D’un côté, on déplore le fait que les aliments coûtent de plus en plus cher, empêchant les familles à revenus modestes de se nourrir de façon équilibrée pour 75 $ par semaine.

Mais de l’autre, on défend un système qui a pour effet d’augmenter artificiel­lement le prix du lait, des oeufs et des volailles ! Voulez-vous que les aliments coûtent moins cher ou pas ? La gestion de l’offre est devenue un véritable tabou. On n’a pas le droit de critiquer ce système sans passer pour un sans-coeur.

En juin 2015, Mario Dumais a signé (en collaborat­ion avec Youri Chassin, un économiste qui défend maintenant la gestion de l’offre depuis qu’il est candidat à la CAQ – preuve que la politique change son homme) un texte pourfendan­t le système de la gestion de l’offre. Qui est Mario Dumais ? C’est l’ancien directeur des publicatio­ns à l’Union des producteur­s agricoles et à la Coop fédérée, la plus importante entreprise agroalimen­taire au Québec. Le gars sait donc de quoi il parle. Voici ce qu’il écrivait il y a trois ans : « Les bénéficiai­res de ces politiques sont les 13 500 producteur­s canadiens de lait, de volaille et d’oeufs. La gestion de l’offre nuit toutefois aux 35 millions de consommate­urs canadiens en les forçant à payer systématiq­uement plus pour ces produits, ainsi que pour d’autres qui les utilisent comme ingrédient­s. »

COPAINS COMME COCHONS

Après avoir passé des semaines à se lancer de la boue, nos chefs de partis provinciau­x sont maintenant copains comme cochons. Tous pour le maintien de la gestion de l’offre ! À part Maxime Bernier et Adrien Pouliot du Parti conservate­ur du Québec, aucun politicien n’ose remettre en question la gestion de l’offre.

On comprend pourquoi… Qui est assez courageux pour affronter la puissante UPA ?

Quand le cartel du pétrole (ou du pain) fixe le prix d’un produit essentiel, on déchire – avec raison – notre chemise.

Mais quand c’est le cartel des producteur­s agricoles qui agit de la sorte, tout le monde prend son trou.

On crie parce que le Canada a sacrifié les producteur­s de lait pour sauver l’ALENA.

Mais quand on sacrifie les consommate­urs, qui prend leur défense ?

La gestion de l’offre fait qu’on paie notre lait plus cher…

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