Cinq questions à répondre rapidement
Il y a à peine trois semaines, l’intérêt n’y était pas. Quelles étaient vraiment les attentes en vue de la saison 2018-19 ? Rien pour soulever l’enthousiasme, n’est-ce pas ?
Après tout, le Canadien, sur papier, n’était pas une meilleure formation que celle de l’an dernier qui récolta 71 points au classement, avec un différentiel de moins 55 et une attaque anémique lui conférant le 29e rang.
Depuis, Alex Galchenyuk et Max Pacioretty sont partis, remplacés par Max Domi et Tomas Tatar, ils représentaient 24 % de la production de buts de l’organisation depuis 2013. Il n’y avait toujours pas de joueur de centre de premier plan. On avait annoncé que Domi serait le premier centre de l’organisation, répétant l’erreur de l’an dernier alors qu’on muta Jonathan Drouin à cette position dans le but de camoufler le manque de vision des décideurs.
LE CAS KOTKANIEMI
On ne s’arrêtera pas sur les ratés d’une défense lente et malhabile et d’un gardien incapable de composer avec l’adversité.
Mais voilà qu’un patineur de 18 ans, né en l’an 2000, soulève la curiosité.
Jesperi Kotkaniemi amorcera la saison avec le Canadien. Il sera de la formation partante, mercredi, alors qu’il affronte l’une des meilleures formations de la Ligue nationale, les Maple Leafs de Toronto.
Au cours des dernières semaines, il a capté l’attention, par son comportement sur la surface de jeu, par son sens du devoir, par son talent.
Les camps d’entraînement, je vous le rappelle, sont parfois trompeurs. Il ne faut jamais s’emballer parce que la compétition n’est pas aussi relevée, parce que c’est la période des expériences, et trop souvent, les effectifs des équipes ne sont pas nécessairement ceux qu’on verra à l’ouverture de la saison.
DÉFIS RELEVÉS
Mais Kotkaniemi a relevé chacun des défis qu’on lui a présentés. Il a dominé à chacune de ses présences sur la patinoire. En aucun moment, il n’a ajouté des arguments aux doutes que l’on pouvait entretenir sur ses chances de faire le grand saut.
Au contraire, soir après soir, non seulement a-t-il éliminé les arguments soulevés au début du calendrier des matchs préparatoires, mais il a fait la démonstration qu’il pouvait s’adapter à toutes les situations, qu’il ne craignait pas d’aller dans la circulation lourde, qu’il était prêt pour la grande aventure.
On peut toujours avancer que le Canadien est désespéré et que l’organisation n’a pas le choix, qu’il faut créer un intérêt chez les partisans, d’autant plus qu’on ne se bouscule pas aux tourniquets. C’est une façon de voir les choses.
Par contre, Kotkaniemi a gagné son poste. Oublions son âge, oublions les exigences du calendrier de la Ligue nationale. Oublions la pression. Il a franchi la première étape en laissant son talent le guider.
Peut-il faire du Canadien une équipe aspirante à une participation au tournoi printanier ?
Oups… Entre vous et moi, on va se garder une petite gêne. Kotkaniemi a peutêtre amenuisé les inquiétudes, du moins pour l’instant, mais il y a toujours cinq questions qui auront besoin d’une réponse et rapidement.
1. LE VRAI CAREY PRICE VA-T-IL SE LEVER ?
Tout repose sur les épaules du gardien. Il devra gagner plusieurs matchs à lui seul. Comment s’ajustera-t-il après une saison marquée par les contre-performances, par une attitude indigne d’un leader ?
2. COMMENT SE COMPORTERA LA BRIGADE DÉFENSIVE ?
On va se prononcer aujourd’hui sur la brigade défensive qui sera privée de son général, Shea Weber, jusqu’à la fin de décembre? Relance de l’attaque par la défense, c’est bien beau, mais a-t-on les effectifs pour appliquer cette stratégie ?
3. QUEL IMPACT EXERCERA MAX DOMI ?
Les comparaisons ne tarderont pas à alimenter les conversations, par conséquent, Domi répondra-t-il aux attentes et fera-t-il oublier Galchenyuk, présentement sur la liste des blessés, avec les Coyotes de l’Arizona ?
4. DROUIN VA-T-IL PRENDRE LES GUIDES ?
Brendan Gallagher est un joueur intense. Il a marqué 31 buts l’an dernier. Que peut-on espérer de Jonathan Drouin ? Il doit lui aussi être un leader. Son talent ne devrait-il pas l’inciter à faire la différence ?
5. L’ENTRAÎNEUR S’EST-IL AJUSTÉ ?
On a attribué les insuccès de l’an dernier à la mauvaise attitude des joueurs. Claude Julien a ses responsabilités et saura-t-il s’adapter à une équipe plus jeune ?
Plusieurs changements administratifs ont été effectués cet été. La garde rapprochée de Marc Bergevin a subi les contrecoups d’une saison pitoyable. S’amènent Joël Bouchard, Alex Burrows, Dominique Ducharne et Luke Richardson qui auront d’importantes responsabilités.
On a parlé de reconstruction. La haute direction affirme que l’organisation entre dans un processus de transition. D’accord, on va accepter cette façon d’aborder la prochaine saison. Matthew Peca, Kotkaniemi, Victor Mete et Noah Juulsen sont les premiers effectifs identifiés pour lancer cette période de transition.
Mais une période de transition exige de la patience autant de la part des administrateurs de l’équipe que de la part des amateurs. Et de la patience, il en faudra. Entre-temps, quand on consulte la liste des équipes de l’Association de l’Est, les chances d’une participation aux séries éliminatoires sont plutôt minces pour ne pas dire inexistantes.