L’énigme Couillard
S’il est sage, Philippe Couillard annoncera sa démission. À 32 députés seulement et à moins de 25 % des voix, la défaite cinglante du Parti libéral du Québec ne peut être expiée que par son départ.
Les Québécois n’ont jamais vraiment su pourquoi le neurochirurgien et ex-ministre de la Santé voulait tant le poste de premier ministre. L’attrait du pouvoir ? Certes, mais pour faire quoi ? La réponse saute pourtant aux yeux.
M. Couillard est un affairiste avant tout. L’équation est d’une logique implacable. Plus il a affaibli les services publics au nom de sa « rigueur » budgétaire, plus le secteur privé s’est empressé de remplir le vide. Son manque troublant d’empathie envers les plus vulnérables, qui en ont le plus pâti, a fait le reste.
AFFAIRISTE
Affairiste, même avant sa démission du cabinet Charest en 2008, M. Couillard aurait négocié son prochain poste chez Persistence Capital Partners (PCP). PCP est le « seul fonds privé d’investissement au Canada dédié à développer des opportunités d’investissement offrant un fort potentiel de croissance dans le secteur de la santé ».
Affairiste, il le fut aussi pour sa propre profession de médecin spécialiste. À force de hausses répétées de rémunération, de « primes » farfelues, d’incorporation et autres bonbons coûteux, la culture médicale s’est métamorphosée en culture entrepreneuriale, mais payée à même les fonds publics. Un non-sens s’il en est un.
HAUTAIN
Face à ses adversaires, le chef libéral s’est aussi souvent montré méprisant. Convaincu de sa propre vertu, moult fois il a prêté à la CAQ et au PQ de sombres desseins xénophobes. Étrangement, dès qu’il abordait les questions « identitaires », M. Couillard s’exprimait comme s’il était éditorialiste à la Gazette, et non pas comme le premier ministre du Québec.
Enfin, face aux Québécois, son manque d’écoute était désolant. Jamais il n’a compris les effets nocifs de son austérité. Son passage au sommet du pouvoir fut bref, mais les dommages à réparer sont nombreux.