Les comptables en ont plein les bras avec Bernard Poulin
Le fondateur du Groupe SM aurait de nouveau pigé dans les fonds de l’entreprise
Les comptables tentent littéralement de recoller les morceaux dans le dossier de la firme d’ingénierie Groupe SM. Son propriétaire, Bernard Poulin, est soupçonné d’avoir effectué de nouveaux transferts de fonds de l’entreprise dans ses comptes personnels.
Du début juillet à la fin août, SM a fait des avances de fonds de plus de 2,9 M$ à Poulin ou à des firmes qu’il contrôle, révèle un rapport récent du cabinet Deloitte.
« M. Poulin dit qu’il a remboursé toutes ces avances-là, mais Deloitte est à réconcilier le tout. Il y en a eu combien à des fins privées ou particulières ? Je ne peux pas vous le dire pour le moment », affirme au Journal Paul Lafrenière, chef de la restructuration pour le Groupe SM.
Cela dit, Deloitte a découvert qu’en juin, juillet et août, Bernard Poulin a payé pour 90 000 $ de dépenses personnelles à partir d’un compte secret de SM. Cette somme s’ajoute aux versements inexpliqués de près de 900000 $ que l’entreprise a faits à Poulin pendant les six premiers mois de 2018.
Les comptables ont aussi constaté que Bernard Poulin s’est servi d’une carte American Express de l’entreprise à des fins personnelles. Ils se sont ensuite rendu compte que la secrétaire de Poulin avait déchiqueté plusieurs documents. Il y en avait pour remplir trois sacs à ordures.
Selon la secrétaire, il s’agissait de documents personnels, mais les comptables de Deloitte veulent en avoir le coeur net. Ils ont donc retenu les services d’une firme spécialisée dans la reconstitution de documents déchiquetés dans l’espoir de savoir ce qui a été détruit.
Deloitte tente aussi de récupérer des courriels envoyés par deux cadres financiers de SM. Ceux-ci auraient été effacés par un fils de Bernard Poulin, Vincent, à l’insu des expéditeurs.
ON LUI MONTRE LA PORTE
Poulin n’a pas aimé qu’on lui dise de cesser d’intervenir dans les affaires de l’entreprise qu’il a fondée en 1972. « Je n’ai pas de permission à vous demander pour veiller à la sauvegarde de mes intérêts personnels », a-t-il écrit à M. Lafrenière, le 1er septembre.
Six jours plus tard, Bernard Poulin était congédié.
Rappelons que l’homme d’affaires est accusé de fraude, de complot et de corruption en compagnie d’autres dirigeants de firmes de génie et de Frank Zampino, ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal.