Athena rencontre son héros
Les policiers de Montréal qui ont sorti la petite des flammes ont raconté leur récit hier
Un an après avoir été sauvée des flammes, une fillette de 2 ans a rencontré hier à Montréal les héros policiers qui l’ont sortie in extremis du brasier.
« C’est le moment le plus émouvant de ma carrière, le plus important aussi. Une vie directement arrachée à la mort », confie au Journal le policier Marc-André Arpin qui compte 20 ans de métier. Il a sauvé la petite Athena du brasier qui faisait rage dans son immeuble du quartier Hochelaga-Maisonneuve la nuit du 31 août 2017.
La petite se faisait garder par une voisine, quand l’incendie s’est déclaré sur un rond de poêle resté allumé. La gardienne, qui avait laissé Athena seule dans le logement du deuxième étage, a plaidé coupable d’abandon d’enfant et de négligence causant un incendie et des lésions dans cette affaire.
Presque par miracle, les policiers se trouvaient déjà tout près. Ils terminaient une intervention auprès d’un homme barricadé, quand un citoyen les a alertés.
CHALEUR ET ÉPAISSE FUMÉE
Le sergent Hugues Thibault est le premier à s’être aventuré dans l’appartement d’où émanaient les flammes, mais la chaleur et l’épaisse fumée l’ont empêché de faire plus de trois pas.
En passant par le logement d’en dessous, il a pris l’escalier de derrière pour arriver dans la cuisine où l’intense brasier orange faisait rage. « Le feu roulait littéralement au plafond », dit-il. Il a vidé son extincteur pour ralentir les flammes et donner une chance à ses confrères d’évacuer l’immeuble.
De l’autre côté de l’appartement, les policiers entendaient un bébé pleurer. Mais impossible d’entrer.
« C’était comme ouvrir la porte d’un four à broil », se rappelle l’agent Arpin. La fumée était si dense que les agents voyaient à peine leurs mains, la chaleur déformait tout et le bruit était assourdissant, comme s’ils étaient « à côté d’un train ».
Il a rampé jusqu’à la pièce, puisqu’au sol, la fumée était moins épaisse. Il s’est rendu à la chambre, mais ne voyait ni n’entendait rien.
À l’aveugle, il a touché ce qu’il reconnaît être un parc pour bébé. Le temps pressait puisque les policiers n’entendaient plus la fillette, ils craignaient qu’il soit déjà trop tard.
Ils ont cherché une corde pour rester ensemble et trouver leur chemin dans le brasier. Ils se sont rabattus sur le fil d’extension d’un fer plat. L’agent Arpin a retrouvé le parc pour bébé, mais pas Athena.
UN PETIT SANGLOT
« Puis elle a fait un petit son », raconte-t-il, la voix brisée par l’émotion. Un petit sanglot, alors qu’elle se tenait debout dans un coin du parc. »
« Une chance que vous étiez là », a soufflé hier aux policiers la grand-mère de la petite Athena, Chantale St-Amour, qui a aujourd’hui 2 ans, en écoutant le récit de tous les efforts déployés pour sauver sa petite-fille.
« Je ne pourrai jamais vous remercier assez », leur a dit les yeux pleins d’eau l’arrière-grand-père de la fillette, Roland St-Amour.
À ses côtés, la petite dessine, gardant dans ses bras la peluche que lui a donnée Flik, la mascotte du Service de police de la Ville de Montréal.
La rencontre était aussi émouvante pour les policiers, heureux de prendre des nouvelles de la fillette qu’ils ont tour à tour prise dans leurs bras. D’abord timide, elle a rapidement sorti ses plus beaux sourires à ses héros.
« Nous n’avons pas souvent la chance d’avoir des tapes dans le dos, des remerciements ou même juste un suivi », souligne l’agent Arpin.