Le Journal de Montreal

Forcé de camper devant chez lui

Québec le fait attendre depuis 18 mois

- ANTOINE LACROIX

Un résident de Pierrefond­s, victime des crues printanièr­es historique­s de 2017, doit vivre dans une roulotte sur son terrain parce que Québec ne l’a toujours pas autorisé à rebâtir.

« C’est comme un cauchemar total, où il n’y a rien que tu puisses faire. J’essaye de faire avancer mon dossier, mais la bureaucrat­ie ne fait rien. Tant que je n’aurai pas obtenu ma dérogation, rien d’autre ne peut avancer », s’insurge 18 mois après les inondation­s André Lavigne, qui habite depuis 32 ans sa demeure du boulevard Gouin.

UNE ROULOTTE CHEZ LUI

Depuis juin, il a dû s’acheter une roulotte, qu’il a installée devant sa résidence inhabitabl­e, en attendant de savoir ce qu’il adviendra de son dossier.

« Ce n’est pas une vie, je dois constammen­t faire des allers-retours entre la roulotte et la maison. Je ne peux pas vivre normalemen­t », grogne M. Lavigne.

L’homme de 63 ans a été le seul à être inondé parmi ses voisins immédiats.

« En 2017, c’était la première fois que je me faisais inonder. C’était vraiment exceptionn­el, je n’avais jamais vu ça », affirme l’homme d’affaires qui possède un commerce au centre-ville de Montréal.

Les résidences à sa droite et à sa gauche ont été épargnées parce qu’elles ont pu surélever le sol lors de leur constructi­on dans les dernières années.

C’est justement ce qu’André Lavigne souhaitera­it faire pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise, en surélevant son terrain à la hauteur de ses voisins et en reconstrui­sant sa maison.

Il a formulé en octobre 2017 une demande de permis à l’arrondisse­ment Pierrefond­s-Roxboro. Mais c’est le ministère des Affaires municipale­s et de l’Occupation du territoire (MAMOT) qui avait la responsabi­lité d’accepter la dérogation.

Le MAMOT affirme avoir reçu le « dossier complet » de M. Lavigne le 7 mai dernier, puis l’avoir transmis à un comité d’experts indépendan­ts du ministère de l’Environnem­ent. Le MAMOT pourra trancher seulement lorsqu’il aura reçu la recommanda­tion du comité.

« Le comité n’est jamais passé ici pour évaluer ma situation, impossible de savoir ce qu’ils font, sur quoi ils se basent », déplore M. Lavigne. Son dossier est donc sur la glace pour obtenir des permis de la Ville ou faire sa réclamatio­n au ministère de la Sécurité publique, puisqu’il n’est toujours pas en mesure de savoir s’il devra finalement rénover ou s’il pourra construire une nouvelle maison.

« Pendant ce temps-là, moi, je suis abandonné. Le gouverneme­nt se fout de la situation du vrai monde », rage-t-il.

 ??  ??
 ?? PHOTO ANTOINE LACROIX ?? André Lavigne dénonce l’attente de 18 mois pour savoir s’il devra rénover ou reconstrui­re sa maison qu’il habite depuis 32 ans.
PHOTO ANTOINE LACROIX André Lavigne dénonce l’attente de 18 mois pour savoir s’il devra rénover ou reconstrui­re sa maison qu’il habite depuis 32 ans.

Newspapers in French

Newspapers from Canada