Le Journal de Montreal

Des enquêtes trop souvent bâclées

- DOMINIQUE SCALI

Trop d’enquêtes sur le harcèlemen­t au travail sont bâclées par des gens qui ne sont ni neutres ni compétents, dénonce l’Ordre des conseiller­s en ressources humaines agréés (CRHA).

La directrice générale Manon Poirier se souvient d’un cas où le mandat d’enquête avait été confié à un contrôleur… parce qu’il avait l’habitude de faire des enquêtes de crédit.

Actuelleme­nt, n’importe qui peut s’improviser enquêteur en entreprise, déplore Mme Poirier. Et cela l’inquiète encore plus depuis l’émergence du mouvement #moiaussi, qui a accentué la demande pour cette activité.

« On ne va pas mettre n’importe qui pour s’occuper de nos finances. Il ne faut pas mettre n’importe qui pour s’occuper de notre monde non plus », dit Mme Poirier.

AMI ET ENQUÊTEUR

Il n’est pas rare que des victimes ne fassent pas confiance à l’enquêteur qui a été nommé dans leur organisati­on, abonde Cindy Viau du Groupe d’aide et d’informatio­n sur le harcèlemen­t sexuel au travail. C’est le cas notamment lorsque l’enquêteur est aussi ami avec le présumé harceleur.

Elle croit donc que le gouverneme­nt devrait imposer des balises pour encadrer la pratique des enquêtes en milieu de travail et s’assurer qu’elles sont faites par des profession­nels liés à un code de déontologi­e.

L’Ordre des CRHA a d’ailleurs fait une demande d’acte réservé auprès de l’Office des profession­s en 2015. Le dossier serait toujours en traitement, mais l’Office n’a pas rendu nos appels.

Plusieurs conseiller­s ont aussi confié au Journal être déjà passés derrière un enquêteur incompéten­t pour refaire une analyse bâclée.

« J’ai déjà vu un rapport de 400 pages où on arrivait à la fin et on se demandait : mais y a-t-il eu du harcèlemen­t ou non ? » raconte Marie-Josée Douville.

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