Des dossiers qui traînent moins longtemps
Les patrons prennent maintenant la question du harcèlement plus au sérieux, disent des consultants qui ont vu une hausse de la demande pour des formations sur le sujet.
Avant, un gestionnaire pouvait laisser traîner un dossier de plainte pendant un mois, attendre de revenir de vacances, se souvient Marie-Josée Douville, présidente de la firme Drolet Douville.
« Maintenant, il y en a qui appellent dès qu’il y a un signalement, avant même qu’une plainte soit déposée. »
Les professionnels consultés ont tous l’impression que le mouvement a eu pour effet de responsabiliser les employeurs, maintenant qu’ils ont vu les ravages potentiels sur la réputation d’une entreprise.
MAUVAISE PRESSE
Ils ont vu l’animateur Éric Salvail disparaître du paysage médiatique en quelques jours. Ils ont vu Gilbert Rozon déboulonné et le géant Juste pour rire mis en vente.
Plus personne ne veut voir le nom de sa compagnie paraître dans les médias pour avoir pris le problème à la légère. Plus d’employeurs veulent agir avant que les cas ne se déclarent, remarque la psychologue organisationnelle Ghislaine Labelle.
Le consultant André Lacaille a donné sa formation sur la civilité au travail à 800 personnes cette année, alors que la demande était peu présente auparavant, dit-il.
Mario Leblanc, qui pratique la médiation à Gatineau, a vu son nombre de demandes de consultation sur la question tripler en un an.
Même à la CSN, plus de représentants syndicaux demandent à être formés, note la vice-présidente Véronique De Sève.
COMMENT INTERVENIR ?
Des patrons ont aussi réalisé que leur politique contre le harcèlement n’était pas assez concrète ou cohérente, dit Marie-Josée Douville.
« Le gestionnaire a l’obligation d’intervenir, mais ça veut dire quoi, “intervenir” ? »
Et certains se sont demandé pour la première fois : « Combien de bons employés ai-je perdus en n’agissant pas ? » illustre-t-elle.