La créativité d’ici fait un tabac à l’étranger
Plusieurs acheteurs internationaux s’intéressent aux prouesses des entreprises numériques québécoises
Les industries créatives québécoises s’imposent de plus en plus à l’étranger. Et c’est souvent le fait de PME méconnues qui ont su développer un savoir-faire de pointe convoité tant à New York qu’à Shanghai.
Dans les bureaux montréalais de l’agence de marketing Cinco, des idéateurs travaillent à une campagne promotionnelle destinée à une multinationale japonaise. Une autre équipe s’affaire à imaginer une commandite expérientielle pour la Chine.
La force de Cinco : utiliser des technologies comme l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, les objets connectés et les bots pour permettre à de grandes entreprises de séduire des consommateurs qui sont de plus en plus difficiles à impressionner.
« Par exemple, (le géant japonais de la pub) Dentsu va nous dire : “Tel client a tel projet en vue des Jeux olympiques de Pékin, en 2022”. On amène ça dans le CincoLab, à Montréal, on regarde nos bases technologiques, on prépare des idées et on les envoie au Japon. Si notre proposition est acceptée, on réalise ensuite une bonne partie du projet ici », explique Nicolas Marullo, qui a fondé Cinco en 2002.
L’entreprise accélère en Asie depuis la conclusion, plus tôt cette année, de partenariats avec Dentsu et la plus grande société d’État chinoise spécialisée dans les événements culturels et sportifs, BeiAo Grand Event.
Cinco signera bientôt un accord semblable à Dubaï. Le Mexique et la Corée pourraient suivre.
« Mon but, c’est d’être dans dix pays dans les cinq prochaines années », dit M. Marullo.
FAIRE RAYONNER LE SECTEUR
Fasciné par cette créativité numérique québécoise qui carbure à l’exportation, Sébastien Nasra a fondé l’an dernier l’événement Hub Montréal. Son objectif ? Faire rayonner ce secteur disparate qui comprend, selon les définitions, autant les expériences immersives que les films interactifs et les événements à grand déploiement.
« Le Québec possède des expertises très recherchées partout à travers le monde et il est temps de faire connaître ça ici, de mettre ça en valeur », souligne M. Nasra.
Mais il y a plus. Pour Hub Montréal 2018, qui aura lieu du 12 au 14 novembre, le promoteur a invité une cinquantaine d’acheteurs provenant de 14 pays afin de les mettre en contact avec des start-up d’ici.
Sébastien Nasra souhaite aussi sensibiliser les décideurs québécois au grand potentiel de développement économique que recèle la créativité numérique.
« Il nous faut d’autres projets marquants, comme celui de l’illumination du pont Jacques-Cartier (réalisée par Moment Factory et d’autres entreprises québécoises). Il n’y a pas de meilleure carte de visite pour vendre l’écosystème de Montréal à l’international que Montréal même », estime-t-il.
« Montréal est sur le point de devenir un des grands pôles internationaux en création de contenus. Si on joue bien nos cartes, on peut passer à la prochaine étape », insiste Alexandre Amancio, PDG de Reflector Entertainment.
DÉFIS À SURMONTER
Les PME des industries créatives sont toutefois confrontées, comme bien des entreprises d’autres secteurs, aux écueils du démarchage à l’étranger.
« On le voit parfois quand des entrepreneurs participent à des missions commerciales. Ils rencontrent des partenaires potentiels, ils disent : “Ça va super bien, on a un bon contact, on va faire ci, on va faire ça”, mais au bout de quelques mois, ça déraille parce que plein de barrières, auxquelles ils n’avaient pas pensé, apparaissent », relate Sylvain Gauthier, qui a travaillé pendant trois ans en Chine pour la compagnie de spectacles du créateur belge Franco Dragone.
M. Gauthier travaille actuellement avec le gouvernement du Québec pour mettre en place un organisme qui aurait pour mission d’accompagner sur la scène internationale les entreprises exportatrices du secteur du divertissement.