Le Journal de Montreal

À propos du suicide

L’urgence d’agir auprès des personnes suicidaire­s

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

La lettre de Ginette, lue ce matin dans votre Courrier, a ensoleillé ma journée. Enfin, quelqu’un qui pense comme moi. Ça fait des années que, comme elle, je considère que notre système de santé ne sait pas prendre en charge les gens qui ont des pensées suicidaire­s ou qui souffrent de problèmes mentaux. Tout comme il est triste que l’organisme Suicide Action ne poursuive pas son aide jusqu’au bout en ne faisant pas de suivi.

Mais pour rendre à César ce qui lui appartient, il faut admettre que cet organisme est très bon pour désamorcer une situation d’urgence ou pour tenir en ligne la personne en attendant que la police arrive. C’est après que ça se gâte. Dans un monde idéal, une personne suicidaire devrait être prise en charge par le système de santé. Mais comment le pourrait-il, lui qui ne la prend pas au sérieux quand elle se présente à l’urgence ? Son cas est toujours vu en priorité 4, ce qui la relègue derrière une personne qui s’est cogné un orteil sur son bureau.

J’ai déjà attendu près de 5 heures à l’urgence en pleine crise suicidaire. Je n’ai jamais vu de médecin, mais j’ai vu trois personnes en triage. Une amie s’est fait dire, alors qu’elle était en crise aiguë d’anxiété, qu’elle n’aurait pas dû se présenter à l’urgence, car, l’urgence, c’était pour les personnes mourantes ou mortes. C’est vraiment n’importe quoi !

J’ai toujours eu l’impression que le système de santé souhaitait que les suicidaire­s se suicident. Ainsi, ils coûteraien­t moins cher au gouverneme­nt. En terminant, j’ose donner un conseil à ceux qui, comme moi, nourrissen­t des idées suicidaire­s, dont Ginette : contactez le Centre d’activités pour le maintien de l’équilibre émotionnel (CAMEE), car on m’y a beaucoup aidé à reprendre goût à la vie. Je souhaite à tous de retrouver la joie de vivre. François Alepins

Je ne crois pas réaliste de dire que le système de santé souhaite la mort des personnes suicidaire­s. Par essence, les gens qui y travaillen­t ont à coeur le bien-être de la population, puisqu’ils en ont fait leur projet de vie profession­nelle. Je pense cependant qu’il y aurait lieu d’accentuer la formation des personnes affectées au triage pour mettre l’accent sur une détection plus adéquate et surtout plus habile des candidats au suicide.

J’abonde dans le sens de Ginette, qui vous écrit ce matin concernant ses idées suicidaire­s, mais surtout concernant ses difficulté­s à obtenir de l’aide de la part de notre système de santé tel qu’il fonctionne. Mon fils est suivi par un psychiatre depuis deux ans. Certes, ce dernier tente au mieux d’ajuster sa médication à chaque visites. Mais mon fils est toujours dépressif et ne retrouve tellement plus son énergie qu’il lui est impossible d’effectuer quoi que ce soit en matière de travail. Lui qui avait un très bon sens de l’organisati­on et un sens de l’humour à toute épreuve, a totalement perdu cette énergie.

Il a craqué, mais on ne réussit à pas à en connaître les raisons. Pourquoi ne lui propose-t-on pas de suivre une thérapie pour reprendre confiance en ses moyens ? Car, à part la rencontre mensuelle avec son psychiatre, on ne lui offre rien d’autre, ce qui a pour conséquenc­e qu’il en est toujours à la case départ sans grand espoir de guérison à court ou à moyen terme. Au lieu de s’améliorer, on dirait que mon fils se fragilise de plus en plus et ça m’attriste énormément. Je crains que ce lien qui ne se fait pas entre lui et sa vie d’avant la maladie le pousse à commettre l’irréparabl­e. Un père inquiet

Je trouve étonnant qu’encore aujourd’hui on ne considère que la médication pour guérir une dépression, quand tout le monde sait qu’une thérapie de soutien suivie en parallèle vient renforcer les possibilit­és de guérison. Incitez votre fils à en faire la demande expresse à son psychiatre.

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