Incapables de congédier cet avocat-ambulancier
Urgences-santé est incapable de congédier un employé qui est aussi VP d’une firme
Urgences-santé est incapable de congédier un ambulancier qui travaille la nuit et qui occupe en même temps de jour d’importantes fonctions d’avocat et de vice-président Conformité dans une firme de services financiers.
« Manquements qui s’apparente[nt] à de la fraude », manque de loyauté, nombreux « retards et absences injustifiées », soupçons de fabrication de faux documents. Autant d’allégations qu’avait retenues la direction d’Urgences-santé contre le paramédic Marvin Zwikler pour justifier son congédiement en octobre 2015.
Mais un juge du Tribunal d’arbitrage a annulé à la fin septembre son licenciement, que contestait son syndicat.
M. Zwikler travaille comme ambulancier paramédical au centre opérationnel ouest d’Urgences-santé à Montréal toutes les deux semaines, les vendredi, samedi et dimanche de 18 à 6 h, en plus d’être disponible les fins de semaine durant lesquelles il n’est pas à l’horaire.
Il exerce en parallèle les fonctions d’avocat et de v.-p. Conformité pour le Québec chez Canaccord Genuity à temps plein du lundi au vendredi de 9 à 17 h 30.
Cela signifie qu’il doit se rendre à son poste d’ambulancier pour un quart de nuit le vendredi soir une demi-heure à peine après avoir fini sa journée de travail chez Canaccord Genuity, au terme d’une semaine de boulot à temps plein.
NOMBREUSES RÉCLAMATIONS
À 26 reprises depuis 1990, M. Zwikler a fait des réclamations pour accident de travail auprès de la Commission de la santé et de la sécurité du travail, selon le jugement.
« Le plaignant aurait fait en sorte de ne pas être assigné en travail léger afin de se livrer soit à des études, soit à un deuxième emploi », estimait la partie patronale, citée dans le jugement.
« Vous avez fait de fausses représentations à votre médecin quant à votre état de santé et vos options d’assignations temporaires afin de vous prévaloir des indemnités prévues à la convention collective et la loi, alors que vous étiez à l’emploi d’un autre employeur à temps plein durant la même période », alléguait Urgences-santé dans une lettre envoyée à M. Zwikler pour l’informer de son congédiement en 2015.
Pour se défendre, M. Zwikler a enregistré plusieurs conversations sur les lieux de travail à l’insu de son employeur. Le juge Robert Côté a finalement décidé qu’il ne pouvait établir de motifs justifiant un congédiement. Il n’est pas clair que M. Zwikler a sciemment caché l’existence d’un deuxième emploi à Urgences-santé, selon lui.
Il n’a pas été possible non plus d’établir hors de tout doute si la signature d’un docteur a été imitée, comme le soupçonnait Urgences-santé.
Finalement, il n’a pu être établi que M. Zwikler a induit en erreur les médecins pour être exempté d’une assignation temporaire à des travaux plus légers pendant un congé de maladie.
« Même si la chose demeure possible, elle n’a pu être prouvée de façon prépondérante », a tranché le juge.
TROIS BARREAUX
M. Zwikler est membre des Barreaux du Québec, de l’Ontario et de l’État de New York. Canaccord Genuity gère des actifs de 32 milliards $.
Au Québec, Canaccord Genuity a notamment été impliquée dans l’acquisition controversée de l’exploitant de PokerStars par la firme Amaya pour 4,9 G$ US.
L’Autorité des marchés financiers a porté des accusations contre plusieurs personnes pour délits d’initié dans ce dossier, mais l’affaire a déraillé au printemps pour un vice de procédure.