#MeToo et brutale réalité
Quand on regarde les résultats tangibles de la dénonciation de harcèlement sexuel par les femmes, l’on est envahi par un sentiment troublant. Entre la diffusion dans les médias de tous les cas appréhendés et des résultats concrets, y compris les mises en accusation au criminel, il y a un fossé profond.
Harvey Weinstein, l’accélérateur du mouvement #MeToo, est en train de tirer son épingle du jeu avec ses avocats géniaux qui sont de véritables pitbulls du droit. La semaine dernière, une autre des plaignantes a été déboutée. Donc le dossier abandonné.
Au Québec, Gilbert Rozon mène sa défense avec l’énergie du désespoir, car les neuf dénonciations dont il fait l’objet n’ont pas encore abouti. Si la loi est dure, car c’est la loi, le processus judiciaire est lent, très lent.
Les femmes qui se disent victimes de harcèlement sexuel se soutiennent publiquement. Quatre représentantes des partis politiques québécois font désormais front commun dans une unanimité au-dessus de leurs allégeances personnelles, mais cela changera-t-il la réalité ?
RÉSISTANCE PASSIVE
Si on regarde brutalement cette réalité, l’on se rend compte que sous une unanimité officielle à dénoncer ces atteintes faites aux femmes, il existe dans nos sociétés occidentales une résistance passive, qui ne dit pas son nom.
Pour parler crûment, trop d’hommes semblent avoir en matière sexuelle des choses à se reprocher. Lequel n’a pas dans sa vie posé des gestes déplacés ou osés, prononcé des paroles graveleuses, grossières, devant des femmes et poussé un peu loin l’approche supposément séductrice ?
Autrement dit, qui n’a pas tenté sa chance, comme on dit, et transformé l’approche séductrice en agression verbale ou physique ?
Plusieurs hommes et femmes, précisons-le, croient en leur for intérieur que « la chair est faible ». De là à conclure pour plusieurs que le harcèlement, voire l’agression sexuelle à différents degrés, est inévitable. Que ces comportements prennent racine non pas dans la culture, mais dans la nature humaine.
CIRQUE MÉDIATIQUE
C’est pourquoi tant de femmes, qui ont osé dénoncer publiquement leur agresseur, deviendront des victimes et seront à cet égard les perdantes de ce cirque médiatique entourant ces cas où la justice ne sera jamais rendue.
Car, à l’évidence, la démonstration de la preuve devant un tribunal est impossible à faire. En vertu de la présomption d’innocence et parce que l’on est souvent confronté à la parole de l’un contre celle de l’autre.
Un cas récent illustre cette douloureuse réflexion. L’universitaire Christine Blasey Ford a vécu une expérience traumatique en accusant devant la commission judiciaire sénatoriale Brett Kavanaugh d’agression sexuelle lorsqu’ils étaient tous les deux adolescents.