Moins de camions de rue en 2019
Le manque de rentabilité et la bureaucratie imposée par la Ville découragent plusieurs propriétaires
La moitié des restaurateurs de rue qui possèdent un permis avec la Ville de Montréal pourraient abandonner ce marché dès l’année prochaine au terme d’un été peu fructueux.
Le 24 Heures a contacté les proprios des 21 camions auxquels la Ville de Montréal a attribué un permis les autorisant à vendre de la nourriture et des boissons en 2018.
De ce lot, seulement 10 réintégreront à coup sûr le programme de cuisine de rue de la métropole l’an prochain. Quatre seront retirés et les propriétaires de six autres camions ont dit être en réflexion. Une seule personne n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.
MOINS D’ARRONDISSEMENTS
La Ville de Montréal offre des permis saisonniers pour les food trucks au coût de 300 $. Ainsi, les camions de rue peuvent se promener, en rotation, sur l’ensemble des sites identifiés par la Ville. En 2018, pour la quatrième saison du programme, seulement trois arrondissements offraient des sites accueillant cette activité.
La mauvaise gestion de l’industrie, le manque de rentabilité et le fait que Montréal mette trop de bâtons dans les roues des restaurateurs de rue sont les arguments les plus souvent évoqués.
« J’ai trois permis pour mes trois food trucks, c’est trop de bureaucratie de mon côté pour le peu de rentabilité que ça me donne. C’est principalement pour ça que je vais enlever les permis pour deux de mes camions. Je ne suis pas un McDo. Je suis une petite entreprise », dit Laurence Berkani, propriétaire du Phoenix 1, Le King Bao et le Queen B.
CAMION À VENDRE
« Sérieusement, moi, je veux tout arrêter et j’essaie même de vendre mon camion. Honnêtement, ce n’est pas rentable. Tu travailles, mais c’est difficile à gérer tout ça, on veut quitter l’industrie en plus de ne pas renouveler le permis », dit Huynh Long Chiem, propriétaire du camion de rue Chez Tomio.
« Ça ne me surprend pas, dit Gaëlle Cerf, viceprésidente de l’Association des restaurateurs de rue du Québec. L’année passée aussi, le bilan a été pire que cette année. Beaucoup de gens disaient : “Oh my god, si ça continue, je ne pourrai pas continuer et je vais arrêter le permis” », explique Mme Cerf, qui n’a pas encore effectué le bilan de la saison 2018, qui se termine le 31 octobre.
« Chaque année, on a un bilan avec la Ville où on fait des propositions de nouveaux sites, poursuitelle. À la fin de la saison, c’est clair que si on propose de nouveaux sites, ça peut motiver des gens à revenir encore l’année prochaine. »