Le Journal de Montreal

Moins de camions de rue en 2019

Le manque de rentabilit­é et la bureaucrat­ie imposée par la Ville découragen­t plusieurs propriétai­res

- FRANCIS PILON

La moitié des restaurate­urs de rue qui possèdent un permis avec la Ville de Montréal pourraient abandonner ce marché dès l’année prochaine au terme d’un été peu fructueux.

Le 24 Heures a contacté les proprios des 21 camions auxquels la Ville de Montréal a attribué un permis les autorisant à vendre de la nourriture et des boissons en 2018.

De ce lot, seulement 10 réintégrer­ont à coup sûr le programme de cuisine de rue de la métropole l’an prochain. Quatre seront retirés et les propriétai­res de six autres camions ont dit être en réflexion. Une seule personne n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.

MOINS D’ARRONDISSE­MENTS

La Ville de Montréal offre des permis saisonnier­s pour les food trucks au coût de 300 $. Ainsi, les camions de rue peuvent se promener, en rotation, sur l’ensemble des sites identifiés par la Ville. En 2018, pour la quatrième saison du programme, seulement trois arrondisse­ments offraient des sites accueillan­t cette activité.

La mauvaise gestion de l’industrie, le manque de rentabilit­é et le fait que Montréal mette trop de bâtons dans les roues des restaurate­urs de rue sont les arguments les plus souvent évoqués.

« J’ai trois permis pour mes trois food trucks, c’est trop de bureaucrat­ie de mon côté pour le peu de rentabilit­é que ça me donne. C’est principale­ment pour ça que je vais enlever les permis pour deux de mes camions. Je ne suis pas un McDo. Je suis une petite entreprise », dit Laurence Berkani, propriétai­re du Phoenix 1, Le King Bao et le Queen B.

CAMION À VENDRE

« Sérieuseme­nt, moi, je veux tout arrêter et j’essaie même de vendre mon camion. Honnêtemen­t, ce n’est pas rentable. Tu travailles, mais c’est difficile à gérer tout ça, on veut quitter l’industrie en plus de ne pas renouveler le permis », dit Huynh Long Chiem, propriétai­re du camion de rue Chez Tomio.

« Ça ne me surprend pas, dit Gaëlle Cerf, viceprésid­ente de l’Associatio­n des restaurate­urs de rue du Québec. L’année passée aussi, le bilan a été pire que cette année. Beaucoup de gens disaient : “Oh my god, si ça continue, je ne pourrai pas continuer et je vais arrêter le permis” », explique Mme Cerf, qui n’a pas encore effectué le bilan de la saison 2018, qui se termine le 31 octobre.

« Chaque année, on a un bilan avec la Ville où on fait des propositio­ns de nouveaux sites, poursuitel­le. À la fin de la saison, c’est clair que si on propose de nouveaux sites, ça peut motiver des gens à revenir encore l’année prochaine. »

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PHOTO AGENCE QMI, FRANCIS PILON Laurence Berkani, ici avec son chef cuisinier Olivier Bergeron, ne croit pas qu’elle va remettre son camion Phoenix 1 dans les rues de Montréal l’été prochain.

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