Le coup fumant des millionnaires du pot
Avec sa légalisation du cannabis qui entre en vigueur demain, le premier ministre Justin Trudeau a royalement enrichi les actionnaires des sociétés de production et de distribution de marijuana.
Entre son élection le 19 octobre 2015 et aujourd’hui, les cours des actions des sociétés canadiennes de pot ont littéralement explosé au cours de ces trois années.
À elles seules, les 14 sociétés inscrites à la cote de la Bourse de Toronto que vous trouverez dans le tableau ci-contre ont aujourd’hui une valeur boursière de 47 milliards de dollars, à comparer à un peu moins de 3 milliards lors de l’élection de Justin Trudeau.
Eh oui ! la légalisation du pot a enrichi en l’espace de trois ans les actionnaires des entreprises de cannabis de 44 milliards de dollars.
Des exemples d’entreprises de pot qui ont multiplié le nombre de millionnaires ?
UNE BULLE
Le titre de Canopy Growth, la plus grande entreprise de cannabis au Canada, a augmenté en trois ans de plus de 3280 %. Sa capitalisation boursière atteint aujourd’hui 17 milliards, comparativement à 501 millions en octobre 2015.
Avec une telle capitalisation boursière, sachez que ce producteur de pot canadien dépasse Hydro One, la grande société ontarienne de distribution d’électricité, dont la valeur boursière s’élève à 11,3 milliards. En Bourse, Canopy vaut également plus cher que de grandes sociétés établies depuis fort longtemps comme Metro (10,4 milliards), Bombardier (9,5 milliards), Power Corp (11,3 milliards), Saputo (11,5 milliards).
Le numéro 2 du pot au Canada c’est Aurora Cannabis, avec une capitalisation boursière de 14,4 milliards. Les actionnaires d’Aurora ont bénéficié en trois ans d’une appréciation de leurs actions de 3480 %.
Les autres sociétés de pot qui sont aujourd’hui « milliardaires » en Bourse sont Cronos Group dont l’action a explosé de 4370 % ; Aphria (+2000 %); HEXO Corp (+750 %) ; et les deux nouvelles sociétés boursières CannTrust Holdings (+495 %) et The Green Organic Dutchman (+96 %).
Comme on peut voir, c’est fou braque la fortune que les actionnaires de ces entreprises ont empilée avec la légalisation du cannabis promise par Justin Trudeau lors des élections fédérales d’octobre 2015.
LES DIRIGEANTS
Que dire maintenant des dirigeants de ces mêmes entreprises qui se retrouvent aujourd’hui assis sur des fortunes grâce notamment à la « tonne » d’options sur actions qu’ils ont reçues au fil des récentes années ?
Au nombre des dirigeants qui sont récemment passés à la caisse avec leurs blocs d’options, on retrouve ceux de Canopy Growth. Voici le montant de leurs récentes transactions de vente d’actions :
Mark Zekulin (président, co-PDG) : 29 millions $ Bruce Linton (fondateur, co-PDG) : 19 millions $ Murray Goldman (directeur) : 24 millions $ Tim Saunders (V-P finances) : 24 millions $ Chriss Schnarr (directeur) : 22 millions $ Chez Aurora Cannabis, le numéro 2 du pot au pays, les plus importantes ventes ont été réalisées par : Stephen Deller (président) : 20 millions $ Terry Booth (PDG) : 5,3 millions $ Neil Belot (directeur) : 5,1 millions $ Allan Cleiren (directeur) : 2,3 millions $
LES VISIONNAIRES POLITIQUES
L’un des visionnaires qui ont fait fortune avec le pot, c’est Chuck (Charles) Rifici, ancien chef des finances du Parti libéral du Canada (PLC). Il a notamment fondé la société Tweed Marijuana, qui est devenue par la suite Canopy Growth, le plus important producteur de cannabis au Canada.
M. Rifici a obtenu de Santé Canada sa première licence de production de cannabis à des fins médicales sous le précédent gouvernement Harper. Évidemment, c’est à la suite de la promesse de Justin Trudeau de légaliser le cannabis qu’il est devenu extrêmement riche.
Chuck Rifici détient aujourd’hui des blocs d’actions dans sept entreprises de cannabis : Canopy Growth, Aurora Cannabis, Auxly Cannabis Group, Buzz Capital 2 inc., Buzz Capital inc., National Access Cannabis et The Supreme Cannabis Compagny.
En février dernier, La Presse révélait « la présence très controversée de nombreux ex-ministres et députés influents du PLC » au sein de plusieurs entreprises de cannabis.
Interrogé sur cette « présence libérale », Rifici avait déclaré à La Presse : « C’est essentiel au Canada d’avoir dans son équipe une personne qui a une expérience politique semblable. »
Son explication : « La légalisation du cannabis est vraiment une grande opportunité d’affaires, mais c’est aussi un enjeu politique très instable… Les gens qui ont de l’expérience en politique sont nécessaires pour naviguer dans cet univers, parce que ça bouge vite. »
En novembre 2016, les députés conservateurs Rona Ambrose, Alex Nuttal et Blain Calkins avaient accusé M. Rifici d’un délit d’initié sur le titre de Canopy Growth. Rifici réfute ces accusations. Il les poursuit pour diffamation et leur réclame 100 000 $ en dommages.
PARADIS
Au Québec, c’est Martin Cauchon, ex-ministre libéral, qui a attiré l’atten- tion avec son implication dans l’industrie du pot et ce, à titre de président de la société ontarienne 48North Cannabis Corp.
En janvier dernier, Le Journal avait rapporté que 35 des 86 producteurs de marijuana autorisés par Santé Canada, dont 48North Cannabis, avaient bénéficié lors des deux dernières années d’un financement offshore.
Ainsi 165 millions en provenance de paradis fiscaux ont été investis dans les sociétés canadiennes de pot, dont Aurora Cannabis, Canntrust Holdings, Supreme Cannabis, Cannabis Wheaton, Hydropocary, Cronos, Newstrike, etc.
La Presse rapportait de son côté que Cannabis Wheaton Income, fondée par Chuck Rifici, avait reçu pour sa part des dizaines de millions de dollars d’un fonds alternatif basé aux îles Caïman.
Le cours des actions des sociétés de cannabis a énormément grimpé ces derniers temps.
Est-ce un écran de fumée ?