Saint cannabis
JOSÉE LEGAULT
C’est bel et bien aujourd’hui. Au Canada, le cannabis devient une substance légale. On ne s’en sortira pas. À l’avenir, il sera impossible de reculer là-dessus. La promesse était celle de Justin Trudeau.
Contrairement à la réforme du mode de scrutin qu’il avait aussi promise, une fois premier ministre, il s’est activé pour livrer la marchandise. Les provinces et les municipalités, elles, ont hérité de la vraie patate chaude. Soit l’application concrète de la vente légale de cannabis sur leur territoire.
EFFETS INCONNUS
Tout, ou presque, a été dit sur le sujet. Malgré le message évident de banalisation que cette légalisation envoie, les « pour » jurent que son usage n’augmentera pas et que le crime organisé prendra son trou.
Les « contre », eux, sonnent l’alarme quant aux dangers du cannabis. Entre autres, celui amplement documenté sur le cerveau des moins de 21 ans.
Or, la réalité est que dans le contexte canadien, les effets réels de la légalisation sur le taux de consommation de cette drogue sont encore inconnus. Seul le temps les révélera. Chaque société est en effet différente. C’est pourquoi l’inquiétude concrète est la suivante.
Son taux de consommation étant particulièrement élevé – au Québec, 31 % des ados et 42 % des jeunes adultes en consomment déjà –, sa légalisation aura-t-elle ou non comme impact de faire grimper ce taux encore plus ? Et ce, après avoir passé des décennies à combattre le tabagisme et ses dangers toxiques.
BIG BUSINESS
Le côté big business du cannabis légal – surnommé l’« or vert » – est également troublant. Dans ces compagnies déjà hautement profitables, comme par un drôle de hasard, on trouve aussi plusieurs proches de la grande famille libérale. Y compris même d’anciens ministres libéraux fédéraux.
Ce qui, sur le plan éthique, ne sent pas très bon. Le jeu de mots est peut-être facile, mais le questionnement qu’il soulève n’en est pas moins pertinent.