On se fait arnaquer à la pompe
Les automobilistes québécois se font carrément exploiter par les pétrolières.
Alors que les pétrolières au Québec s’approvisionnent actuellement à gros prix d’escompte en raison de l’effondrement du prix du baril de pétrole de l’Ouest canadien, elles continuent de nous charger un prix à la rampe de chargement très élevé, ce prix incluant le prix du pétrole brut et la marge de raffinage.
Selon l’Office national de l’énergie, le Québec importe aujourd’hui environ les deux tiers de ses besoins en pétrole de l’Ouest canadien, lequel est acheminé aux raffineries pétrolières Suncor, à Montréal, et Valero, à Lévis.
Conséquemment, on serait en droit de s’attendre à payer pour notre essence un prix qui reflète le coût du baril de pétrole provenant de l’Ouest canadien.
Ce n’est malheureusement pas le cas. En voici la preuve.
Le prix du pétrole en provenance de l’Ouest canadien, soit le WCS (Western Canadian Select), se négocie de ce temps-ci autour des 17 $ US le baril. C’est environ 52 $ US de moins que le prix du WTI (West Texas Intermediate) et 63 $ US de moins que le prix du Brent (coté à Londres).
Hier, à Montréal, le litre d’essence s’affichait à 128,1 cents à la pompe, dont une portion de 52,9 cents pour les multiples taxes et la marge des détaillants.
« ALORS QUE LES PÉTROLIÈRES AU QUÉBEC S’APPROVISIONNENT ACTUELLEMENT À GROS PRIX D’ESCOMPTE [...], ELLES CONTINUENT DE NOUS CHARGER UN PRIX À LA RAMPE DE CHARGEMENT TRÈS ÉLEVÉ »
PRIX ABUSIF
Le reste, soit 75,2 cents, allait dans les poches des pétrolières (raffineurs, grossistes) pour défrayer ce qu’on appelle le « prix minimal à la rampe de chargement ».
C’est ce « prix » à la rampe de chargement qui semble nettement abusif. Voici pourquoi.
Le « prix à la rampe » comprend deux composantes : la marge de raffinage et le prix d’achat du pétrole brut.
La marge de raffinage sur l’essence s’élève en moyenne à 17,2 cents le litre.
C’est donc dire que les pétrolières nous demandaient hier 58 cents le litre pour l’achat du pétrole brut.
Cela équivaut en dollars canadiens à 92,22 $ le baril de pétrole brut. En dollars américains, on parle d’un baril de pétrole à 70,40 $ US. Ce qui correspond au prix du baril de pétrole WTI (West Texas Intermediate).
LE PROBLÈME
Quel est le problème ? Je vous rappelle que les deux tiers de l’approvisionnement québécois proviennent de l’Ouest canadien, où le prix du baril de pétrole se vend 17 $ US le baril, soit à peine 14 cents canadiens le litre, alors qu’on nous en charge 58 cents.
Pour être équitables envers les Québécois, les pétrolières devraient nous charger au maximum 29 cents le litre, ce qui couvrirait l’approvisionnement des deux tiers en pétrole canadien (à 14 cents le litre) et le tiers restant en pétrole américain (à 58 cents le litre).
Si tel était le cas, le litre d’essence à Montréal coûterait autour de 1,00 $, au lieu de 1,30 $.
Dans son discours d’adieu, Jean-François Lisée avait invité François Legault à puiser abondamment dans les propositions électorales du PQ. L’une d’entre elles visait à surveiller davantage les pétrolières dans le but de faire baisser le prix de l’essence.
Le premier ministre Legault devrait refiler cette judicieuse proposition à son nouveau ministre Énergie et Ressources naturelles, Jonatan Julien.