Le cannabis confisqué est-il illégal ?
Pas évident pour les policiers de prouver que le cannabis découvert provient de la SQDC ou d’un pusher
La confusion règne autour de l’application de certains aspects de la loi sur le cannabis, six jours après la légalisation du produit, même si les policiers ont commencé à émettre des constats pour possession de pot illicite.
La possession de marijuana ne provenant pas des distributeurs officiels au pays, comme la Société québécoise du cannabis (SQDC), reste illégale depuis le 17 octobre dernier.
Cependant, déterminer que le pot d’un joint est légal ou pas relève de l’exploit.
« Les policiers ne peuvent certainement pas y goûter », blague la criminaliste Alexandra Longueville du cabinet Raby, Dubé, Le Borgne à Montréal.
DÉJÀ DES CONSTATS
À Québec, dans la nuit de dimanche à lundi, les policiers ont d’ailleurs mis à l’amende un homme pour possession de cannabis acheté sur le marché noir, après son arrestation pour conduite avec les capacités affaiblies.
« Le policier qui arrêtera une personne en possession de cannabis illicite devra, par des faits, par ses observations et les informations qu’il aura colligées, établir qu’il a des motifs raisonnables de croire qu’il s’agit de cannabis illicite », indique Étienne Doyon, porte-parole au Service de police de la Ville de Québec (SPVQ), sans expliquer les circonstances exactes de l’événement.
Par exemple, une personne qui avouerait que la substance en question n’a pas été achetée à la SQDC donnerait aux policiers des motifs raisonnables de croire que la substance est illicite.
« Les produits SQDC portent un timbre. Un peu comme pour le tabac. Cela prouve que la taxe d’accise a été acquittée », explique le lieutenant Hugo Fournier de la Sûreté du Québec (SQ).
VAGUE
Plusieurs corps de police consultés par Le Journal n’ont pas souhaité répondre sur la façon dont ils peuvent déterminer si le cannabis est légal ou non. « Il est encore trop tôt », a-t-on répondu à de nombreux endroits.
« C’est pratiquement impossible de connaître la provenance à moins qu’il y ait la facture. Et encore », mentionne néanmoins un agent d’un service de police la Rive-Sud sous le couvert de l’anonymat.
« Si on a vu l’individu faire une transaction dans la rue, avec de l’argent, c’est certain que c’est plus facile », ajoute pour sa part un policier du nord de la couronne.
Me Longueville est d’avis que les agents auront autre chose à faire que de traquer les consommateurs de pot illégal de toute façon et qu’ils continueront de cibler les trafiquants.
« Des accusations de possession de moins de 30 g de cannabis, on n’en voyait déjà pas beaucoup, ajoute-t-elle. Mais présentement, c’est encore difficile de donner des conseils juridiques [en raison du flou]. » — Avec la collaboration de
Catherine Bouchard