Le Journal de Montreal

Price rejoint Roy

Le gardien du Canadien décroche une 289e victoire, égalant la marque de Patrick Roy.

- FRANÇOIS-DAVID ROULEAU

Pour s’établir dans un vestiaire de la LNH, Derek Ryan n’a pas emprunté la traditionn­elle autoroute ou route asphaltée comme la grande majorité de ses confrères. Il a pris la route de gravier et de terre et suivi un parcours peu commun.

Son parcours lui a toutefois permis d’élargir ses horizons, savourer des expérience­s inoubliabl­es et façonner sa vie. À 31 ans, celui-ci a surmonté de nombreux obstacles et défié les pronostics d’atteindre le circuit Bettman en saisissant les opportunit­és.

Avec 162 matchs dans la LNH derrière la cravate, il est fier d’être maintenant assis dans le vestiaire des Flames de Calgary et d’évoluer aux côtés de James Neal. Une option qu’il n’aurait jamais envisagée il y a tout juste quatre ans.

C’est qu’en 2007, après son stage junior à Spokane, où il a joué avec les Chiefs dans sa ville natale, Ryan a pris la direction de l’Université de l’Alberta située à Edmonton afin de s’aligner chez les Golden Bears durant quatre ans. C’est là que son destin l’a mené en Europe.

Son entraîneur universita­ire, aussi impliqué sur le Vieux Continent, l’a recommandé à une équipe hongroise dirigée par le Canadien Kevin Primeau. Ce dernier était à la recherche d’un centre rapide et talentueux. Tout juste âgé de 24 ans et nouvelleme­nt marié, Ryan a donc mis le cap sur la Hongrie.

« C’était important de vivre cette expérience, car j’avais joué junior chez moi. Je devais voir le monde. On est partis pour savourer la vie et tenter une nouvelle expérience. Il fallait montrer une certaine ouverture, a raconté Ryan après l’entraîneme­nt matinal, hier. Il fallait prendre une chose à la fois, une année à la fois. On ne savait pas trop ce que ça pouvait donner pour ma carrière au hockey.

« Mais en suivant notre philosophi­e, on s’est abreuvé de cultures, de voyages et d’expérience­s incroyable­s pour notre âge, a-t-il enchaîné. J’ai vu le monde, découvert de nouvelles cultures et appris de nouvelles langues. »

LE BONHEUR

Après une saison en Hongrie, il a déménagé à Villach, en Autriche. C’est d’ailleurs à cet endroit que son fils Zane est venu au monde.

« C’était merveilleu­x. Nous étions près de toutes les grandes villes européenne­s. L’Italie était à 20 minutes de train, la Slovénie aussi. Munich et Vienne étaient situées à trois heures de train. Nous avons visité Paris, Rome et plusieurs autres villes. Maintenant à la maison, nous avons une grande carte géographiq­ue remplie de points des endroits que nous avons visités. C’est unique. »

Toutefois, dans cette épopée européenne, Ryan ne pensait pas à la LNH. En fait, un retour en Amérique du Nord ne figurait pas parmi ses options. Il était bien établi à Villach. Il vivait ses expérience­s et faisait vivre honorablem­ent sa famille.

DIRECTION SUÈDE

Ses performanc­es sur la glace avaient par contre titillé les dirigeants d’une équipe suédoise. Un centre américain de 5 pi 11 po et 170 livres amassant 66 et 84 points à ses deux campagnes avec le Villacher SV ne pouvait y rester bien longtemps.

Il a fait ses paquets pour Örebro la saison suivante. Et comme la Ligue élite suédoise est copieuseme­nt épiée par les dépisteurs de la LNH, son nom a fait écho jusqu’en Amérique du Nord.

Bien que Ryan ne voulait pas quitter ce qu’il avait bâti de l’autre côté de l’Atlantique, ses performanc­es ont poussé les Hurricanes de la Caroline à le rapatrier aux États-Unis. Une équipe dirigée en 2015 par un certain Bill Peters… Ce même Peters qui était à la barre des Chiefs de Spokane durant son stage junior! Le hasard ? Pas vraiment.

PAS LE HASARD

En 2015-2016, Ryan a donc fait la navette entre les Checkers de Charlotte (LAH), où il a joué 70 matchs, et Raleigh. Un passage difficile durant lequel il a bâti sa réputation d’attaquant aussi fiable en zone offensive que défensive et efficace dans les cercles des mises en jeu. Le droitier a ensuite gagné son poste chez les Hurricanes sous la férule de Peters.

« J’ai suivi un chemin particulie­r. Pour les jeunes joueurs qui ne sont ou qui ne seront jamais repêchés, qui évoluent dans les rangs universita­ires, un parcours semblable peut les inspirer à rêver et travailler fort. Il prouve que tout peut arriver dans la vie », a rappelé Ryan.

Ses 15 buts et 38 points l’an dernier, à sa première réelle saison complète dans la LNH, lui ont permis de décrocher un contrat de trois ans chez les Flames le 1er juillet alors qu’il était joueur autonome. Six semaines plus tard, la formation a engagé Peters, celui qui lui a toujours fait confiance. Celui-ci n’a pas hésité à lui confier des tâches importante­s.

Parfois, le destin fait bien les choses. Derek Ryan peut en témoigner.

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PHOTO BEN PELOSSE Derek Ryan a été combatif devant Jordie Benn.

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