Le Journal de Montreal

Engagés pour rien à la SQDC

La venue de la CAQ repoussera­it l’ouverture de trois succursale­s à une date indétermin­ée

- ANNABELLE BLAIS

Des dizaines d’employés de la Société québécoise du cannabis qui ont reçu 15 heures de formation se retrouvent le bec dans l’eau avec l’arrivée au pouvoir de la CAQ qui entraîne le report de l’ouverture de succursale­s à une date indétermin­ée.

Jocelyn pensait travailler le 17 octobre, jour d’ouverture de 12 SQDC au Québec. L’homme, qui a requis l’anonymat par crainte de représaill­es, a été engagé comme conseiller à 14 $ l’heure.

Lors de son dernier bloc de formation il y a deux semaines, il a toutefois appris qu’il travailler­ait à la succursale de la rue Sainte-Catherine au coin de Berri à Montréal, une boutique dont la date d’ouverture prévue fin octobre a été reportée.

« Ils ont dit qu’elle n’ouvrirait pas avant janvier », dit ce jeune homme dans la vingtaine.

En plus de la succursale de Berri, deux autres boutiques à Brossard et Joliette devaient ouvrir au même moment.

Mais il y a deux semaines, le PDG de la SQDC, Alain Brunet, a confirmé que le déploiemen­t de son réseau était sur la glace depuis l’élection de la CAQ.

OPTIONS

Trois options ont donc été proposées à l’employé : démissionn­er, attendre le mois de janvier ou mettre son nom sur une liste d’attente pour aller dans une autre succursale.

« J’ai choisi la troisième option parce que j’ai quand même un loyer à payer, explique-t-il. Mais, finalement, je crois que je vais devoir me trouver un autre emploi », déplore le jeune homme qui estime qu’ils sont plusieurs employés dans cette situation.

Le syndicat TUAC Québec qui a déposé des requêtes en accréditat­ion pour représente­r des employés de la SQDC (tout comme la CSN et le SCFP) confirme avoir plusieurs membres dans la même situation que Jocelyn.

30 À 45 EMPLOYÉS

Comme il y a entre 10 et 15 employés par succursale, on estime qu’entre 30 et 45 employés se trouveraie­nt dans cette situation, mais ni la SQDC ni les TUAC n’ont voulu confirmer ce chiffre.

« Il y a des gens qui sont chez eux et attendent que la succursale ouvre », confirme Antonio Filato, président du conseil provincial des TUAC Québec. Il ajoute que ces employés ont reçu huit heures de formation théorique en salle en plus de modules à compléter sur le web, ainsi qu’une autre formation de quatre heures en succursale.

« C’est déplorable. C’est un peu ordinaire, c’est le moins qu’on puisse dire », juge Katia Lelievre, la présidente du syndicat des employés de bureau de la SAQ (SEMB-SAQ) affilié à la CSN.

Les employés ont été payés pour la formation ou le seront ces jours-ci, confirme le porte-parole de la SQDC Matthieu Gaudreault.

Le PDG de la SQDC, Alain Brunet, a confirmé il y a deux semaines que le déploiemen­t de son réseau était sur la glace depuis l’élection de la CAQ.

Le parti compte modifier la loi sur le cannabis pour interdire la présence de succursale­s de la SQDC à proximité d’un cégep ou d’une université, et étendre le rayon d’interdicti­on de 250 mètres d’une école. Aucune distance n’a été annoncée.

Les employés de la SQDC devront faire preuve de patience. L’ouverture de succursale­s pourrait être reportée bien après janvier puisque l’Assemblée ne siège pas entre la troisième semaine de novembre et le mois de février.

Les nombreuses ruptures de stock dans les magasins de la Société québécoise du cannabis (SQDC) forcent certains employés à se tourner les pouces.

Hier, lors du passage du Journal à la succursale Lebourgneu­f, à Québec, en début d’après-midi, plusieurs employés tournaient en rond, alors que les clients se faisaient plus rares.

Derrière le comptoir, de nombreuses tablettes étaient vides.

Seulement un produit était disponible au gramme au coût de 10,80 $.

Les produits recommandé­s par les conseiller­s de la SQDC allaient des formats de 3,5 grammes à ceux de 15 grammes.

PAS DE COUPES PRÉVUES

À la SQDC, on dit n’avoir pas l’intention de réduire le nombre d’employés dans les succursale­s au cours des prochains jours.

La filiale de la SAQ soutient que ses employés ont aussi un rôle d’informatio­n à jouer auprès des clients potentiels qui se présentent en magasin.

« Il n’est pas question pour l’instant de fermer les succursale­s. Des livraisons de produits sont prévues au cours des prochains jours par nos différents fournisseu­rs afin de maintenir une disponibil­ité des produits », a indiqué un porte-parole de la SQDC, Mathieu Gaudreault.

Dans les magasins de la Société québécoise du cannabis à Montréal, l’arrivage de nouveaux produits sur les tablettes hier a permis aux clients de repartir avec du cannabis à fumer.

« Les gens ne trouvent pas forcément le produit qu’ils étaient venus chercher, mais je les conseille pour trouver autre chose qui puisse leur convenir, et en général ça marche. C’est très rare que les gens repartent sans rien », a fait valoir un employé de la SQDC de la succursale de la rue St-Hubert.

VOLÉE DE BOIS VERT

Sur le site Facebook de la SQDC, les nombreuses ruptures de stock provoquent la colère des clients du monopole d’État. Les commentair­es cinglants ne manquent pas.

Certains soutiennen­t qu’ils ne remettront plus jamais les pieds dans une succursale de la SQDC.

Pour les commandes en ligne, la SQDC dit être incapable maintenant de respecter des délais de livraison de moins de cinq jours au Québec.

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PHOTO BEN PELOSSE Les travaux au 830, Sainte-Catherine ne pressent plus en raison du report de la date d’ouverture. On aperçoit encore l’enseigne du restaurant qui occupait les lieux, et l’intérieur est un chantier.

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