La légalisation du cannabis, une « option » pour le Mexique
La nouvelle loi canadienne inspire le futur chef de la diplomatie mexicaine
AFP | Légaliser le cannabis, comme vient de le faire le Canada, est « une option très intéressante » pour mettre un terme à la violence que provoque le trafic de cette drogue douce au Mexique, a déclaré hier le futur chef de la diplomatie mexicaine, Marcelo Ebrard.
« Nous avons en ce moment une discussion à ce sujet. Cela n’a aucun sens d’avoir une loi interdisant la possession ou la production de cannabis, et nous avons 9000 personnes emprisonnées pour cela », a-t-il dit lors d’un point de presse à Montréal. « Nous avons beaucoup de violence dans le pays. Cela n’a aucun sens, car ça ne marche pas, le cannabis est là de toute façon, c’est un commerce », a-t-il déclaré après une intervention devant le Conseil des relations internationales de Montréal.
« Et vous dépensez des sommes considérables d’argent » pour réprimer le trafic de la drogue et « causez beaucoup de souffrance dans la population », a-t-il ajouté.
« Nous voudrons changer cela » et le Canada pourrait, selon lui, « assurément » être une source d’inspiration pour le gouvernement du président élu Andrés Manuel López Obrador, qui entrera en fonction le 1er décembre.
Le Canada a légalisé le cannabis mercredi dernier et M. Ebrard a indiqué avoir discuté de cette mesure phare du gouvernement de Justin Trudeau avec des responsables canadiens lors d’un déplacement lundi à Ottawa.
« Nous croyons qu’il s’agit d’une option très intéressante à court terme pour le Mexique » pour ramener la paix.
Gangréné par les cartels qui se disputent violemment le contrôle des routes de la drogue, le Mexique a enregistré l’an dernier le chiffre record de 28 702 homicides.
« GUERRE CONTRE LES DROGUES »
Par ailleurs un groupement d’organisations non gouvernementales a estimé hier que la « guerre contre les drogues » menée par les Nations unies est un échec.
Ce rapport « démontre une fois de plus qu’il est grand temps de mettre fin à la guerre contre la drogue », a déclaré dans un communiqué Ann Fordham, directrice exécutive de l’International Drug Policy Consortium (IDPC), un organisme qui rassemble plus de 170 ONG.
Alors que l’ONU doit définir un nouveau plan d’action décennal en matière de stupéfiants en mars 2019, l’IDPC dresse un bilan très critique des politiques internationales des 10 dernières années.
Les statistiques « ne montrent aucune réduction à échelle mondiale de la culture d’opium, de coca et de cannabis entre 2009 et 2018 », observe l’IDPC.
PLUS DE CONSOMMATEURS
La consommation a aussi largement augmenté : selon le document, 275 millions de personnes avaient pris de la drogue au moins une fois en 2016. Un chiffre en augmentation de 31 % par rapport à 2011. La substance la plus consommée reste le cannabis, suivi des opioïdes et des amphétamines. Parallèlement, le nombre de décès liés aux drogues a augmenté de 145 % entre 2011 et 2015, année où 450 000 personnes sont mortes par surdoses dans le monde.