Des travaux imaginaires dans l’Est
La rue Des Ormeaux à Montréal est bloquée à la circulation alors qu’aucun chantier n’est en cours
AGENCE QMI | Il y a des rues où il est interdit de circuler à cause des travaux. À Montréal, il y en a aussi qui sont barrées… sans chantiers à l’horizon. Et il semblerait que ce soit la faute d’un certain Monsieur Personne.
La scène se déroule tout près de la rue Notre-Dame Est, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
Durant plus de deux semaines, les panneaux « Rue barrée » et « Circulation locale seulement » ont trôné en plein centre de la rue Des Ormeaux, entre l’avenue Souligny et la rue Tellier (voir la carte).
Petit problème : pas l’ombre d’une pelle mécanique ou d’un rouleau compresseur. Je m’y suis rendue et je confirme. Rien pantoute, à part des citoyens qui se sentent un peu insultés.
« Après quelques jours, on a compris que rien ne se passait, alors les voitures ont continué à circuler en contournant les pancartes », me raconte un résident du coin, Jonathan Thériault, qui m’a signalé la situation.
La ligne d’autobus 185, qui emprunte normalement la rue Des Ormeaux en direction nord, a dû faire des détours, même si aucun chemin de détour n’était prévu… Tandis qu’un chauffeur d’autobus scolaire, tanné des affiches inutiles, serait carrément sorti pour les tasser sur le côté de la chaussée, me dit en soupirant une mère de famille, croisée au coin de Des Ormeaux et Tellier.
À Montréal, les panneaux qui traînent aux mauvais endroits ne se sont pas rares, surtout quand on sait que la Ville délivre environ 30 000 permis d’entraves chaque année, que ce soit pour un chantier ou un défilé. Mais quand ça fait deux semaines que ta rue est barrée pour des travaux imaginaires, ça devient irritant.
MONSIEUR PERSONNE
À qui la faute? Alors là… question simple, réponse compliquée.
J’ai contacté l’Arrondissement Mercier– Hochelaga-Maisonneuve et la chargée des communications a rapidement confirmé que la rue Des Ormeaux n’aurait jamais dû être fermée. Mais il y a des chantiers sur des rues voisines, me dit-elle, peut-être qu’il y a eu des erreurs dans la signalisation. Elle admet que « l’Arrondissement a des surveillants de chantier et cette situation aurait dû être signalée et gérée dès le départ ».
O.K., l’erreur est humaine, mais pourquoi ç’a duré plus de deux semaines ?
« Nous sommes à vérifier à qui appartenaient les panneaux problématiques pour faire le suivi adéquat », me répond-elle.
Et c’est là que ça se corse! J’ai tenté le même exercice. Sur chaque chantier, il y a plusieurs acteurs : l’entrepreneur, une firme qui assure la surveillance, un chargé de projet municipal qui s’assure que la surveillance est bien faite (donc un surveillant des surveillants), et parfois des sous-traitants…
POUR ÉVITER ÇA À L’AVENIR
Bref, beaucoup de monde. J’ai réussi à parler à une majorité d’entre eux. Certains ont laissé entendre que ça pourrait être la faute de citoyens malintentionnés. Évidemment, les panneaux n’appartenaient à personne, et ce n’était de la faute à personne.
Ah ce cher Monsieur Personne, qui a le dos le plus large au monde! Eh bien, enquête résolue, on dirait ! Blague à part, l’Arrondissement a semblé bien embêté par cette situation.
On convient qu’il n’a pas le monopole des entraves injustifiées à la circulation, mais il semble chercher des solutions pour éviter que ça se reproduise.
Dès l’an prochain, chaque chantier dans cet arrondissement aura des surveillants supplémentaires, uniquement voués à la circulation.
Les arrondissements du centre-ville, eux, disposent depuis juin de la fameuse Escouade mobilité, qui doit faire le ménage des chantiers nuisant aux déplacements de tous.
À ce jour, ils ont effectué 2935 interventions, ce n’est quand même pas rien ! Ces nouvelles stratégies empêcheront peut-être Monsieur Personne de sévir à nouveau.