Le conservateur Tony Clement est chassé du parti
OTTAWA | Un poids lourd du Parti conservateur victime de sextorsion a été chassé du caucus à la lumière de plusieurs allégations de nature sexuelle. Un départ qui soulève aussi de sérieux enjeux de sécurité nationale.
Le chef conservateur, Andrew Scheer, a montré la porte à son vétéran député Tony Clement, hier. Celui-ci est empêtré dans une affaire d’extorsion financière après avoir partagé des images sexuellement explicites de luimême, en croyant à tort qu’il avait affaire à une destinataire féminine consentante.
Il s’agirait de la première fois qu’un député fédéral est victime de sextorsion. Selon une source proche du dossier, les fraudeurs auraient tenté de soutirer à l’homme marié de 57 ans 50 000 euros (75 000 $). La Gendarmerie royale du Canada a ouvert une enquête.
« M. Clement, à ma requête, a démissionné de notre caucus », a annoncé M. Scheer en après-midi.
M. Clement siégeait jusqu’à mardi à un comité ultra-secret traitant de sécurité nationale et de renseignement.
TRAÎNÉE DE POUDRE
Le chef conservateur avait plus tôt dans la journée jugé sévèrement les actions de son député, sans toutefois exiger son départ.
Mais des « allégations sérieuses » d’inconduites sexuelles concernant M. Clement venues à l’attention du chef en cours de journée ont changé la donne.
« Je l’ai cru lorsqu’il m’a dit qu’il s’agissait d’un incident isolé. Depuis lors, de nombreux incidents et allégations ont été rapportés », a expliqué M. Scheer au sujet de la controverse touchant son ancien député depuis mardi soir.
Le scandale sexuel a en effet rapidement pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux, où plusieurs femmes ont rapporté avoir eu des rapports malaisants avec M. Clement.
« Quel genre d’homme adulte et un parlementaire voudrait clavarder avec une fille de 23 ans à 1 h du matin », s’est questionnée Claire McWatt sur Twitter.
M. Clement est reconnu comme étant un adepte d’Instagram.
SÉCURITÉ NATIONALE
La participation de M. Clement à un comité secret sur la sécurité nationale était devenue un « problème » à la lumière des révélations, a admis M. Scheer.
Le premier ministre Justin Trudeau n’a quant à lui pas voulu commenter les conséquences possibles de la bourde du député conservateur sur la sécurité nationale.
Emmanuel Dubourg, un député libéral siégeant à ce comité, a soutenu que la bévue de son ancien collègue conservateur « est un élément quand même préoccupant ».
Un avis que partage le spécialiste de la sécurité nationale Michel Juneau-Katsuya, compte tenu de la sensibilité de l’information à laquelle les membres ont accès.
Celui-ci souligne toutefois que M. Clement a réagi de la bonne façon en rapportant aux autorités sa mésaventure.