Coups de poing mortels pardonnés ?
Un jeune homme de Lanaudière qui a tué son ami lors d’une fête à Saint-Donat fait appel du jugement
Un jeune homme de Lanaudière qui a tué de deux coups de poing son ami qui venait d’agresser sexuellement sa copine a joué sa dernière carte vers la liberté devant la Cour d’appel, hier.
« Le verdict de culpabilité est déraisonnable, un jury correctement informé n’aurait pas pu conclure à la culpabilité », a lancé l’avocate Isabel Schurman, devant le plus haut tribunal du Québec.
De son avis, Benoit Pozzobon aurait dû être acquitté de l’homicide involontaire de son ami d’enfance Sylvain Nugent, lors d’une fête à Saint-Donat en juillet 2013. Celui-ci était en état d’ébriété lorsqu’il s’était introduit dans le lit de la petite amie de Pozzobon et avait agressé la femme.
« Je vais le tuer, tabarnac », aurait dit Pozzobon quand il a appris la nouvelle en quittant les lieux.
Pozzobon, 37 ans, a alors frappé son ami de deux coups de poing fatals.
DES ERREURS
Déclaré coupable d’homicide involontaire au terme de son procès, il a écopé de trois ans de pénitencier, mais il a été remis en liberté en attendant l’issue de son appel.
Car pour son avocate, le juge de première instance, Claude Lachapelle, a commis des erreurs en condamnant son client. La phrase « Je vais le tuer, tabarnac » n’aurait été entendue que par une personne.
« [Le juge] en a fait une pierre angulaire de son analyse sans noter les contradictions du témoignage », a plaidé Me Schurman.
Elle demande ainsi l’acquittement de Pozzobon. Et si les juges rejettent sa proposition, elle demande que la sentence soit remplacée
par une probation.
RAISONNABLE
« Cela lui permettra de contribuer à la société, a dit l’avocate. C’est une personne sans antécédents qui a fait preuve d’empathie envers la victime, qui a une vie stable et qui attend son premier enfant. C’est un dossier plein de tristesse des deux côtés. »
La Couronne s’est évidemment opposée aux demandes de la défense, plaidant que le verdict était juste et que la sentence l’était tout autant. « La seule conclusion raisonnable est que [Pozzobon] soit coupable », a plaidé le procureur Éric Côté, en rappelant que l’accusé avait à l’époque déclaré qu’il avait « vu noir » et admis « avoir gaffé ».
Le panel des trois juges de la Cour d’appel a pris l’affaire en délibéré sans dire quand il rendra jugement, tel que le veut l’usage.