Le Journal de Montreal

Un Québécois au coeur d’une découverte vieille de 40 000 ans

Le chercheur et son équipe révèlent la plus vieille peinture figurative à ce jour

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PARIS | (AFP) Vieille de 40 000 ans et quelque peu énigmatiqu­e : la peinture d’un animal ornant une grotte de Bornéo vient de révéler son grand âge devenant « la plus ancienne oeuvre figurative connue » et confirmant que l’art rupestre n’est pas une invention purement européenne.

« Nous avons daté des peintures rupestres de Bornéo et déterminé que l’art figuratif s’y est développé il y a au moins 40 000 ans, plus ou moins en même temps qu’en Europe », explique le Québécois Maxime Aubert de l’université australien­ne Griffith, coauteur d’une étude publiée hier dans la revue Nature.

Elle représente un gros animal, non identifié, dont on distingue le corps épais et quatre pattes fines. « Probableme­nt un banteng », un boeuf sauvage d’Asie, estime M. Aubert. « C’est incroyable de voir ça. C’est une fenêtre intime sur le passé ».

Le bovidé nous apparaît dans les tons rouge-orangé mais les chercheurs soupçonnen­t que les artistes avaient plutôt choisi le violet. Les pigments auraient viré au cours du temps.

Selon l’étude, cette découverte conforte l’idée que l’art rupestre, l’une des plus importante­s révolution­s de l’histoire culturelle de l’homme, n’est pas apparu en Europe (comme nous l’avons longtemps pensé) mais en même temps à deux extrémités du globe.

ARTISTES VOYAGEURS

Le paléontolo­gue québécois, originaire de Lévis, et ses collègues avaient déjà fait vaciller la traditionn­elle vision européocen­trée en annonçant en 2014 avoir découvert, sur l’île indonésien­ne de Sulawesi, une main humaine peinte en négatif vieille d’au moins 39 900 ans.

Si un disque rouge découvert dans la grotte d’El Castillo en Espagne est daté d’au moins 40 800 ans, la peinture figurative la plus ancienne retrouvée en Europe, un rhinocéros de la grotte Chauvet en France, aurait entre 35 300 et 38 800 ans. « Qui étaient les artistes de Bornéo et ce qui leur est arrivé reste un mystère », note Pindi Setiawan, du Bandung Institute of Technology en Indonésie et coauteur de l’étude.

La balance penche tout même vers les Homo Sapiens que l’on sait déjà présents sur l’île à cette époque. Et pour M. Aubert, « c’est sûrement le même groupe d’humains qui est ensuite allé à Sulawesi ».

Des artistes voyageurs que le chercheur compte bien continuer à pister, notamment en enquêtant plus à l’Est vers l’Australie. N’écartant pas la possibilit­é de débusquer d’autres groupes d’artistes : « l’homme moderne était présent en Asie du Sud Est (et en Australie) il y a au moins 70 000 60 000 ans. Pourquoi n’a-t-on pas trouvé de peintures datant de cette époque ? », s’interroge-t-il.

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MAXIME AUBERT Chercheur québécois

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